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2 septembre 2016 5 02 /09 /septembre /2016 09:25

Si le phénomène Pokémon Go, devenu viral en quelques jours et chaque jour plus populaire, exaspère tant de monde, c’est en partie, si on en croit les dires de ses détracteurs, qu’il serait symptomatique du fait que presque plus personne n’est adulte aujourd’hui.

Plus exactement, beaucoup d’aspects de la folie ambiante peuvent s’expliquer par le fait que les gens sont dans l’émotionnel, dans la réaction épidermique plutôt que dans la réflexion et l’analyse. Bref, ils ne seraient pas adultes, et le succès de Pokémon Go le prouverait.

J’admets que la réflexion et l’analyse, ça n’a pas l’air très courant ces temps-ci. En tout cas, ça n’a pas l’air très représenté sur Twitter, qui est mon outil de prédilection pour déterminer comment mon époque pense. Je ne suis pas très fière de ce que je vois. On se dispute à propos de bouts de chiffons, de règles de grammaires et de choix de vocabulaire. On s’accuse de nazisme pour un mot mal employé. On s’enflamme pour des paroles qui n’ont pas été dites, pour des actes qui n’ont pas été commis. Et en dehors de Twitter, on ment, on arnaque et on trompe sans le moindre état d’âme. On se pointe aux rendez-vous avec trois heures de retard, et on trouve ça normal. Je suis toute prête à croire que la sagesse, la loyauté, la solidarité et le bien commun ne sont pas des valeurs qui ont la cote, aujourd’hui. Je veux bien croire que, si elles n’ont pas la cote, c’est parce qu’elles n’ont la cote qu’auprès des adultes, et que d’adultes, il n’y a plus. Là où je ne peux plus suivre, c’est que les partisans de cette théorie d’une époque infantile ne citent pas le manque de loyauté, de sagesse ou de solidarité de leurs contemporains, pour la démontrer. Non, ils citent des pratiques bénignes et innocentes comme le fait de jouer à Pokémon Go, de fumer des cigarettes électroniques au lieu de vrai tabac, et de rouler en trottinette. Ils ne développent pas, ils citent. Comme s’il était évident, et n’avait pas besoin d’être argumenté, qu’arpenter les rues de Paris pour attraper des Pokémon et se répandre en invectives parce que les français mettent de la crème dans leurs pâtes carbonara, ça va de pair.

Et je ne suis pas d’accord. Ca ne va pas de pair.

Ca va surprendre beaucoup de monde, en particulier ma famille, mais je m’estime adulte.

J’estime qu’avoir démissionné de l’enseignement parce que je n’arrivais pas à avoir d’autorité sur ma classe, avoir renoncé à un métier qui me plait pour ne mettre en danger la vie de personne, c’est être adulte. J’estime que faire un métier que je n’aime pas pour coûter le moins d’argent possible aux autres, c’est être adulte. J’estime que dire systématiquement oui quand on me demande de l’aide alors que je sais que ça va me coûter du temps, de l’énergie et de la confiance en moi, et que je ne recevrai rien en retour juste parce que, en disant non, je mettrai quelqu’un dans l’embarras, c’est être adulte. J’estime que faire des pieds et des mains pour pouvoir publier les vidéos de CDAL tous les 18 du mois, sans qu’il y ait le moindre retard, alors que ça demande la totalité de mon temps libre et ne me rapporte rien, juste parce qu’un public attend, c’est être adulte. J’estime que répondre posément quand on me manque de respect, c’est être adulte. J’estime que ne pas hurler avec les loups sur Twitter, réfléchir à si l’objet du délit est assez scandaleux pour mériter un tel déferlement de haine, aller vérifier le contexte de l’acte incriminé et juger s’il n’a pas été mal compris par ses dénonciateurs avant de décider si je suis scandalisée moi-même, c’est être adulte. J’estime que se désolidariser d’un groupe de personnes dont je fais partie qui donne une image déshonorante dudit groupe, et présenter mes excuses à la personne qui a subi des préjudices de la part dudit groupe, c’est être adulte.

Je suis adulte, et pourtant, je joue à Pokémon Go

Et je ne fais pas que jouer à Pokémon Go. Je chronique des dessins animés. Je lis de la littérature de jeunesse. Quand je vais au cinéma, c’est pour voir des adaptations de comics ou des films d’animation. Je dessine des célébrités en version My Little Pony. Je Tweete. Je Facebooke. Je Skype. J’offre Achille Talon à Al pour son anniversaire, et je vais à la nuit du Nanar avec Pesme. Pourtant, je persiste, rien de tout ça ne m’empêche d’être adulte.

Je suis adulte parce que j’essaie d’être quelqu’un de réfléchi, quelqu’un de raisonnable. Je suis adulte parce que je fais des plans pour l’époque, pour le siècle, pour l’éternité. Un enfant ne fait pas de plan. Je suis adulte parce que je cherche à connaître la vérité, pas à prouver que ma vérité est la bonne.

Je ne dis pas que je m’en fous des chiffons. Des fois, c’est des drapeaux, et dans ces cas là, ça nécessite mon attention, quand même. Un drapeau dressé contre moi et ma façon de vivre, je dois m’en inquiéter. Mais je ne vais pas perdre de vue que le drapeau, c’est le symptôme, pas le problème. Supprimer le symptôme ne supprime pas le problème. Je ne dirai pas non plus que je m’en fous du choix des mots, ou de la façon dont on tourne les phrases. Mais je vais pas traiter de nazi quelqu’un qui a mal choisi ses mots. Je garde en tête qu’un langage, ce n’est pas universel. Que des fois, la personne en face en parle un autre, et que je dois me donner la peine de le comprendre. Je ne me pose jamais la question de ce qui est « safe » mais la question de ce qui est juste. Avant de condamner quelqu’un, je me pose réellement la question de ce dont il est coupable. Jouer à Pokémon Go ne m’empêche en rien de faire tout ça. Ni chroniquer des dessins animés. Ni prendre une voix de petite fille pour rigoler, dans les moments de détente. Rien de tout ça ne m’empêche d’être adulte, selon ma définition de ce que c’est qu’être adulte.

Et je ne m’arrête pas là. Je vais encore vous surprendre, mais j’estime que parmi les gens que je rencontre, et avec qui je discute dans les commentaires de mes vidéos, il y en a pas mal qui sont adultes. Ce sont des gens qui regardent une émission Youtube sur les dessins animés. Souvent, ils ont leur propre émission Youtube. Ils dessinent. Ils livent. Ils lisent des comics. Ils jouent à des jeux vidéo. Je parie même qu’il y en a deux trois qui ont des trottinettes. N’empêche que, quand ils voient dans une vidéo quelqu’un exprimer un avis auxquels ils n’adhèrent pas, leur réflexe est de rédiger un long commentaire posé, construit et argumenté, d’écouter la réponse et d’y répondre de manière appropriée. Ils pourraient se précipiter sur la touche « pouce rouge » et se répandre en torrents d’insultes. Ca s’est vu, sur d’autres chaînes. Mais non. Ils entrent dans le débat dans une attitude respectueuse et attentive. Et c’est ça, plus que leur choix en matière de loisirs, et de centres d’intérêts, qui va faire d’eux des adultes. En tout cas, selon ma définition du mot adulte.

Parce qu’être adulte, c’est quoi ? S’intéresser à des trucs de grande personne ? S’habiller en grande personne ? Avoir la plus grosse voiture et la plus grosse maison pour prouver qu’on est une grande personne ? Avoir des activités d’adultes, qui consisteraient à sortir le samedi soir et boire à s’en rendre malade ? Ou c’est utiliser son expérience de la vie pour évaluer ce à quoi on est confronté avec justesse, et y réagir de manière constructive et pertinente ?

Alors, non seulement je suis adulte, mais je pense que je connais d’autres adultes. Un nombre peut-être assez peu conséquent à l’échelle de la population française, mais assez pour qu’il soit inexact de dire qu’aujourd’hui, il n’y a plus d’adultes.

Aujourd’hui, la culture dite « geek » s’est démocratisée. Lire des comics et regarder des séries n’a plus rien de honteux. Je veux bien croire que ça perturbe la génération de mes parents, pour qui ces choses faisaient partie d’une sous culture réservée aux enfants. N’empêche qu’à une époque, le roman était une sous culture réservée aux enfants et méprisée des élites, et aujourd’hui, on étudie « les misérables » et « cinq semaines en ballon » en littérature. Donc, les dessins animés, les jeux vidéo, Pokémon Go, il n’y a pas de raison que ce soit INTRINSEQUEMENT quelque chose qui rend immature.

Si les gens mettent un point d’honneur à ne plus réfléchir, si penser aujourd’hui, c’est devenir un objet de haine, je ne sais pas à quoi c’est dû, mais ce n’est certainement pas dû à Pokémon Go ou au reste.

Parce que j’y joue, moi, à Pokémon Go. En  fait, tout le monde y joue, à Pokémon Go. Donc forcément, dans le tas, il y en aura qui sont dans la réaction épidermique et le refus de communiquer. Il y en aura aussi, qui, devant un buzz provoqué par un tweet, se disent que ce tweet, peut-être un peu pédant, n’était pas si insultant. Il y en a qui vont lire le contexte du tweet, et d’autres qui vont le retweeter sans se poser la question de s’il signifie bien ce dont il a l’air, et si son auteur ne s’est pas déjà expliqué, plutôt quinze fois qu’une, en commentaire. Il y a des gens qui présentent leurs excuses de faire partie d’un groupe de personnes qui se conduisent mal, et des gens qui se mettent à insulter ou se moquer de la personne qui s’est ainsi excusée (mais tout en la citant pour lui donner de la visibilité, ce qui n’est pas forcément malin).

Peut-être qu’il y a une forte proportion de joueurs de Pokémon Go qui ne sont jamais devenus adultes. Peut-être qu’elle n’est pas si forte, au fond, mais qu’elle se manifeste plus bruyamment que la proportion qui est devenue adulte. Peut-être qu’il y a, surtout, parmi les joueurs de Pokémon Go qui utilisent twitter, une forte proportion de gens qui ne sont effectivement pas adultes. Peut-être que pour avoir du temps à consacrer aux réseaux sociaux à la fin du mois d’Août, il faut être au collège, au lycée, à la fac, bref, jeune, et pas forcément tenu d’être déjà modéré, réfléchi et responsable.

Peut-être qu’il n’y a pas moins d’adulte qu’avant. Peut-être qu’internet a juste donné la parole à ceux qui ne le sont pas. Peut-être qu’il faudrait en profiter pour écouter ce que les enfants ont à dire, parce que leur sensibilité doit être prise en compte, mais les écouter en tant que ce qu’ils sont, des enfants.

Parce que oui, figurez-vous qu’il est tout à fait permis de ne pas être adulte, quand on ne l’est pas, quand on n’a pas l’âge de l’être. La maturité, ça se construit. Il faut passer par un apprentissage, par une expérimentation. Personne n’est tenu de naître adulte et responsable, riche de l’expérience de mille ans, alors qu’on n’a encore rien vécu. On a le droit d’être enfant, avant d’être adulte, bordel, c’est pas criminel !

En tout cas, je peux affirmer une chose, c’est qu’il n’y a pas de rapport de cause à effet entre Pokémon Go et la capacité à devenir adulte. J’affirme même qu’on est peut-être plus adulte quand on admet que s’accorder un loisir bénin pour échapper aux problèmes du quotidien, ça n’a rien de honteux, ni de blâmable que quand on s’interdit ledit plaisir pour avoir l’air plus intelligent, plus original, moins comme tout le monde.

Peut-être qu’admettre que Pokémon Go, c’est juste un phénomène de mode sans importance, c’est plus adulte.

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commentaires

P
Bonjour Tchouky,<br /> <br /> que dire ? Sinon que je conçois tout a fait ce que tu dis.<br /> <br /> <br /> A vrai dire, étant moi-même, un enfant des années 80 et ayant tout autant grandi en regardant les mangas et les séries animés des années 80-90 à 2000 (Dora m'ayant un peu refroidi), ayant lu dans ma (pas si) lointaine jeunesse : Pif, le journal de Mickey, mais aussi des comics Marvel et DC, et continuant de le faire, aux yeux de certains, je suis considéré, sans doute, comme un grand enfant. Bien que, tout comme toi, je m'estime Adulte plus pour mes capacités réflexives et posée, par mon expérience humaine plutôt que par mes goûts en matière de culture geek/nerd/otaku.<br /> <br /> le problème, c'est que pour la génération antérieure (du moins, certaines personnes de la génération antérieure) et une certaine proportion de notre génération, ceux-là sont toujours prompts à nous coller des étiquettes, quand il ne s'agit pas de nous ridiculiser en ridiculisant nos goûts personnels. Certaines personnes, hélas, auront toujours la prétention de se croire plus intelligente, plus subversives et plus cultivées que les autres et de fait se donnent elle-même le droit de se poser en tant que critique "objective" d'une culture qui, comble du comble, ne les intéresse pas et qu'ils méprisent.<br /> <br /> Et c'est triste; C'est triste parce que d'une part, en étant constamment enfermé dans leurs critiques négatives, ils n'éprouvent pas de plaisirs (ou alors ils sont sadiques) et ils se rendent malheureux en ne voyant que ce qu'ils estiment être le mauvais côté des choses, et c'est triste pour ceux qui subissent ces critiques car elles sont injustes et infondées, en plus d'être gratuites. <br /> <br /> Peut-être ces mêmes personnes ont-elles oubliées ce que c'était que d'être un enfant et de prendre du plaisir dans ce qui peut être à la fois tout a fait futile et tout a fait nécessaire, ces "plaisirs simples de la vie qu'[on] aime", qui sont différents de ceux des générations antérieures mais qui n'en sont pas moins des petits plaisirs qui nous permettent de nous évader et de développer notre imagination et notre imaginaire. Cette part d'enfance et de rêve, n'est-elle pas, en outre ce qui nous permet de penser à l'avenir et de nous projeter ?<br /> <br /> Donc, oui, je suis d'accord avec toi et je comprends bien ton ressenti sur l'éducation, d'autant plus que je suis aussi dans l'éducation (je suis EVSH), donc quand tu dis que tu as voulu démissionner d'un travail que tu aimais parce que les élèves ne te respectaient pas (même si pour toi, tu penses, a priori que tu n'avais pas assez d'autorité) je comprends parfaitement et j'imagine très bien le désarroi (être prof, c'était aussi ce que je voulais être un moment) et comme tu dis dans une vidéo, si avant on prenanit (dans les dessins animés) les enfants pour des cons à qui on pouvait tout dire, aujourd'hui on les prends pour des cons à qui on ne doit plus rien dire. Et ce dernier fait se retrouve aussi dans l'éducation, et de fait, dire ses 4 vérités à un enfant qui n'est pas le nôtre, et le dire aussi à ses parents, est quelque chose de problématique, tant et si bien qu'aujourd'hui, s'il ya quoique ce soit comme problème d'ordre éducatif avec un enfant, la faute en revient toujours à l'enseignant mais jamais l'enfant ne sera jugé aussi responsable s'il fait quelque chose de mal. Donc, oui, il faut laisser les enfants être des enfants, leur laisser le temps d'apprendre toutes les subtilités de la vie en société, mais sans pour autant les déresponsabiliser et les surprotéger en faisant reporter systématiquement la faute aux enseignants ou aux aides humaines, et ta démission prouve que tu es adulte, puisque tu as pris conscience de tes limites, des limites qui t 'ont été imposées par l'éducation nationale et de celles que qui te sont imposées par les parents des enfants, c'est un choix qui t'honore. <br /> <br /> Bref, tout ça pour dire que je comprends parfaitement ton point de vue sur le fait d'être adulte dans les années 2000:2010. Etre adulte, ce n'est pas une question de mode ou de loisirs ou des deux, c'est une maturité de l'esprit qui nous permet d'être capable de réfléchir et d'agir au mieux pour nous-mêmes et pour les autres, dans le sens de prendre les autres en considération dans nos paroles et nos actes.
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L
Démissionner de l'éducation nationale, rejeter les privilèges d'un titre chèrement gagné et surtout, renoncer à un métier que l'on aime par amour justement de ce métier ? Et bien... le Quichotte n'est pas mort.<br /> <br /> J'aime à croire que si notre société semble aussi intolérante et réactionnaire c'est qu'elle ne l'est justement plus tant que ça en réalité. La preuve : les étiquettes se décollent. Les archétypes s'effritent et les couches de pub ou de com politique n'y changent rien. Cela à de moins en moins de sens de parler de jeux pour filles ou pour garçons, de culture classique et populaire, d'activités d'adultes et d'enfants. Les gens ont un très fort besoin de vivre comme ils l'entendent et peu importe le grand méchant vieux monde. J'ai parfois juste peur qu'ils oublient de quoi est capable un vieux monde qui sait qu'il va mourir et qui n'a plus rien à perdre.<br /> <br /> Mais ce que je préfère dans votre article c'est sa conclusion. Depuis quand est-ce si péjoratif d'être un enfant ? Depuis toujours ? Ah merde... est-ce que ce ne serait pas un problème ?<br /> <br /> Effectivement, internet donne la parole aux enfants aussi. C'est parfois sauvage, mais on apprivoise pas une génération en la méprisant.
Répondre
L
Merci à vous d'avoir accepté mes excuses. Un sujet sensible mérite qu'on soit clair et je ne devrais pas pratiquer l'ironie comme on balance des pierres depuis un pont sans regarder qui se trouve en dessous. Il y a beaucoup de bonnes choses à dire sur ce blog, donc je reviendrais, plus pertinemment j'espère ^^<br /> <br /> Concernant ma vision du Quichotte, c'était effectivement celle de Cyrano que j'avais en tête. Et je ne m'étais pas rendu compte de la différence fondamentale entre les deux. Merci pour cet éclaircissement. J'ajouterais que si Cyrano est effectivement très clairvoyant vis à vis de la société (ce qui rends son idéalisme héroïque), il est en revanche bien aveugle vis à vis des sentiments qu'on peut lui porter. Son nez est d'autant plus grand qu'il doit lui cacher cet amour de plus en plus évident.<br /> <br /> Je suis moi aussi soulagé que les choses soit clarifiées et que vous alliez mieux. C'était tout le but de mon intervention.
A
J’ai moi aussi mal compris votre propos, donc je vous présente aussi mes excuses.<br /> <br /> L’ironie ne s’entend pas à l’écrit, et ça conduit aussi bien à ne pas la voir là où elle est qu’à en voir là ou il n’y en a pas. Vous le dites vous-même, sur internet, le sarcasme et l’insinuation sont plus la règle que l’exception. Je suis parti du principe que votre commentaire s’inscrivait dans cette démarche.<br /> <br /> J’ai eu d’autant plus tort que revenir s’expliquer et dissiper les malentendus est, par contre, sur internet, davantage l’exception que la règle. Je vous remercie de l’avoir fait, et j’espère que votre mention pour moi dans votre réponse signifie que vous ne me tiendrez pas rigueur du ton incisif que j’ai pu employer dans mon message.<br /> <br /> Que ce quiproquo ne vous empêche pas de poster des commentaires sur internet. Nul n’est à l’abri d’un malentendu, mais ce n’est pas une raison pour se censurer, surtout si ce que l’on a à dire est positif !
T
Merci d'avoir dissipé le malentendu. Je suis soulagée de ne pas avoir donné à penser que je pouvais mépriser les enfants. J'informerai al.<br /> <br /> En attendant, permettez-moi de rebondir sur votre définition de Don Quichotte, qui me semble prêter à une réflexion intéressante :<br /> Le vers "leurs bras chargés de toiles vous envoient dans la boue. _ Ou bien dans les étoiles" est en fait un extrait de Cyrano de Bergerac, répondant à quelqu'un qui vient de le comparer à Don Quichotte. Tel que vous décrivez le personnage, j'ai l'impression que c'est bien à Cyrano que vous faites référence, plutôt qu'à Don Quichotte.<br /> <br /> Si les deux personnages sont à première vue de même type, il y a eu une nuance très importante, entre les deux. L'idéalisme de Don Quichotte lui fait voir des géants à la place des moulins à vent. L'idéalisme de Cyrano ne l'empêche pas de voir le monde tel qu'il est. Simplement, conscient que la configuration de la société dans laquelle il vit ne lui permettrait pas de survivre en restant idéaliste, il choisit tout de même de rester idéaliste en connaissance de cause. C'est le fait d'associer l’ambition de vertu à la clairvoyance qui fait que Cyrano est héroïque dans son idéalisme, alors que Don Quichotte inspire surtout la compassion qu'on éprouve vis à vis de quelqu'un qui vit dans un monde qui n'est pas assez beau à son goût et s'enfuit par la porte du délire.<br /> <br /> Bref, vraiment toutes mes excuses d'avoir mal compris votre premier message, et surtout, merci d'être revenu clarifier les choses. Mine de rien, tout cela me tracassait un peu. Je me sens mieux maintenant.
L
Je ne saurais dire à quel point je suis confus. Je suis sincèrement désolé par la manière dont je me suis exprimé, je n'avais pas imaginé une seule seconde que cela puisse être interpreté de manière aussi ironique et cynique. Jamais je ne me serais permis de vous mettre dans le panier de ceux que vous dénoncez si justement. <br /> <br /> Ce ton amer était à l'attention de notre société, pas de vous justement.<br /> <br /> Quand je dit aimer votre conclusion, c'est que réellement je l'aime pour ce que justement elle rappelle : à savoir qu'il n'y a aucune honte d'être puéril quand on est un enfant et qu'internet est une remarquable opportunité d'écouter ce qu'ils ont à dire plutôt que de les mépriser eux et ce qu'on juge comme étant leur culture.<br /> <br /> Ma réaction concernant votre démission de l'éducation nationale était, elle aussi hélas, à prendre au premier degré. Pour moi Don Quichotte symbolise l'idéalisme et non la folie. Quand on le mets en garde que charger un moulin pourrait le propulser dans la boue, il réplique : "ou dans les étoiles !". Peu importe qu'il finisse ou non dans la boue. C'est le personnage le moins narcissique qui soit, totalement désinteressé, sacrifiant sa personne pour quelque chose de plus grand comme vous avez sacrifié des années d'efforts et les privilèges du métier pour le bien-être et la sécurité des enfants. Ayant eu à subir (comme nombre de mes camarades d'alors), les humiliations d'une institutrice qui n'aurait jamais du travailler avec des enfants, votre choix m'avait ému. Cette forme de courage est trop rare, comme est trop rare le fait de se préoccuper d'abord des enfants, puis des conditions de travail dans l'enseignement (même si les deux sont liés).<br /> <br /> Quand je lit votre article, j'ai l'impression de voir la preuve que notre société change peut-être plus en bien que l'on pourrait le croire et je suis persuadé que cela a quelque chose à voir avec une enfance épanouie et assumée, non pas comme un chapitre que l'on a terminé, mais plutôt, comme vous le dites, comme une histoire sans fin, avec ses peines et ses rêves, que l'on garde toujours à l'esprit pour ne pas se perdre.<br /> <br /> Comme je l'écrivais, cela ne suffit pas à m'ôter mes inquiétudes vis à vis de ceux pour qui chacun se définit uniquement par son sexe, sa classe, sa religion ou son âge, mais votre article contribue à démonter tous les préjugés qui y sont liés. Comme vous prouvez que jouer à pokemon go n'est pas incompatible avec une vie responsable. <br /> <br /> Et donc, je le ré-affirme, la conclusion de votre article m'a vraiment touché. Là où vous auriez pu vous contenter de laver pokemon go de ces accusations de puérilité vous allez plus loin en interrogeant justement ce qu'il y a de si grave et condamnable à être puéril. En employant le ton moqueur de mon avant dernier paragraphe, j'essayais d'aller dans votre sens en fustigeant une société qui a toujours méprisé les enfants, et pas que depuis pokemon go. Je voulais dénoncer ainsi le fait qu'en méprisant ainsi les enfants et ce qu'elle estimait être leur "sous"-culture, elle niait peut-être sa propre enfance. Et je crois que ce qui est vrai pour individu l'est aussi pour la société à laquelle il appartient en général. Notre société est bercée d'illusions intolérantes sur ce qui est bien ou mal. Ne supporte pas la demi-mesure ou la nuance. C'est ce sens de la nuance que j'aurais aimé mieux louer dans votre article.<br /> <br /> Je ne vous accuse pas de mépriser les enfants, si vous ne compreniez pas comment j'avais pu interpreter ainsi votre article c'est que jamais je ne l'ai interpreté ainsi. <br /> <br /> Je m'excuse encore d'avoir été si maladroit. Je m'abstiendrais à l'avenir. J'espère que vous n'aurez pas trop le sentiment d'avoir gâché votre temps à écrire ainsi votre réponse. Je ne le pense pas. Aujourd'hui, la moindre ambiguité et le moindre cynisme servent à cacher beaucoup de saloperies et internet est une jungle ou couper court aux insinuations est vital. <br /> <br /> Enfin j'aimerais porter les mêmes excuses à votre camarade dont je partage chaque mot. Je suis heureux de savoir que dans cette jungle, vous n'êtes pas seule.<br /> <br /> Une dernière fois désolé que mon commentaire vous aie offensé tous. Comparer quelqu'un au Quichotte est pour moi un grand compliment. Je suis navré que ma pathétique tentative de louer votre article aie tournée ainsi.
T
Je vais être obligée de répondre à l’aveugle, car je ne suis pas sûre d’avoir correctement compris la nature du reproche que vous me faites, ma seule certitude étant que mon article vous a mis suffisamment en colère pour justifier ce ton moqueur et sibyllin.<br /> <br /> Si le but de votre message était de m’inciter à avoir moins de mépris pour les enfants, je ne comprends pas ce qui, dans mon article, a pu vous donner à penser que je les méprisais. J’écris en fin d’article « on la le droit de ne pas être adulte quand on n’a pas encore l’âge d’être adulte ». C’est donc que je ne considère pas l’enfance comme une mauvaise chose en soi, ni à notre époque, ni à aucune, je n’ai jamais rien prétendu de tel, et n’ai jamais rien pensé d’approchant. J’ai beaucoup de mal à comprendre comment ce que j’ai écrit a pu être interprété comme ça.<br /> <br /> S’il faut développer, je dirais que, de mon point de vue, accorder aux enfants le droit d’être des enfants est la condition essentielle pour qu’ils deviennent des adultes épanouis, responsables et raisonnables, et il est impossible de se conduire en adulte responsable et raisonnable si on ne reste pas à l’écoute de l’enfant qu’on a été, et si on ne s’accorde pas le droit de rester cet enfant, au moins en partie. En ce sens, jouer à Pokémon Go peut être la preuve de plus de maturité que de dénigrer les joueurs en les accusant d’immaturité.<br /> <br /> Mon article n’avait absolument pas pour but de dénigrer l’enfance – encore une fois je ne comprends pas comment il a pu être interprété comme tel – mais de répondre aux détracteurs de Pokémon Go qui utilisent l’argument de l’immaturité, pour leur expliquer en quoi cet argument n’est pas pertinent. Pour ma plaidoirie, j’ai cité mon propre cas, exposé les faits qui, de mon point de vue, prouvent que je suis adulte, toute joueuse de Pokémon go que je sois. J’ai ensuite généraliserla problématique à toutes les activités qui sont considérées à tort comme une preuve d’immaturité, et j’ai, à cette occasion, cité le cas des personnes avec qui je discute sur internet. C’est là que j’ai exposé les fait qui, de mon point de vue, prouve qu’ils sont adulte, tous spectateurs d’une émission sur les dessins animés qu’ils soient. <br /> <br /> J’ai évidemment passé plus de temps sur mon propre cas, puisque, le connaissant mieux, je peux bâtir un argument plus fort à partir de cet exemple. Si le but de votre message était de me reprocher mon narcissisme et ma prétention, je regrette que vous ayez interprété ma démarche ainsi, mais le fait est que, dans ma démonstration, je ne pouvais citer un exemple dans lequel je sois plus experte que mon propre exemple, et ma plaidoirie ne pouvait s’appuyer que sur des éléments dont je sois absolument sûre.<br /> <br /> Si le but de votre message était de me reprocher de dire du bien de la maturité, alors je le reconnais, effectivement, de mon point de vue, être adulte, c’est bien. Ce n’est pas le sujet de l’article, mais c’est le postulat de départ. Je trouve que la maturité est une bonne valeur. Comme j’ai dit précédemment, selon ma définition, elle n’est pas incompatible avec la capacité de garder son âme d’enfant, je considère même que rester à l’écoute de l’enfant en soi est une condition essentielle pour arriver à se conduire en adulte quand la situation l’exige. Mais donc, oui, je considère que vouloir se conduire en adulte, vouloir avoir une attitude constructive, raisonner en tenant compte des conséquences à long terme de ses actes, se soucier du bien d’autrui autant que de son bien propre, et savoir mettre de côté son intérêt personnel pour le bien commun, c’est une bonne chose. Je ne sais pas coudre, ni cultiver la terre, ni chasser, ni pêcher. Je ne pourrais pas décider de me retirer sur une île déserte, vivre loin des autres, et ne me préoccuper que de mon bien-être propre. Je suis obligée de vivre en société pour survivre, et je préférerais faire partie d’une société qui fonctionne. Je n’exclus pas que certains soient assez badass pour vivre hors communauté, mais je pense que beaucoup sont dans le même cas que moi. Or, la société ne peut fonctionner que si chacun fait preuve d’assez de maturité pour qu’elle fonctionne. J’assume donc totalement ma position : je pense que la maturité est non seulement une bonne chose, mais également une valeur indispensable à la survie des individus. Du moins la plupart.<br /> <br /> Je reviens sur votre moquerie concernant ma démission de l’enseignement. Je vous en parle sans rancœur. Je veux bien croire que quelque chose, dans mon article, je ne sais pas exactement quoi, vous a profondément offensé, et justifie cette attaque gratuite et sans rapport avec le reste du propos.<br /> <br /> Je le redis, le but de mon article était de démontrer que les joueurs de Pokémon Go ne sont pas obligatoirement immatures, et qu’on peut jouer à Pokémon Go mais se conduire en adulte quand c’est nécessaire. Et, pour appuyer mon argumentaire, j’ai cité mon propre exemple et cité tout ce que j’ai fait, dans ma vie, qui, de mon point de vue, prouve que je suis adulte. Encore une fois, j’ai conscience que ça peut être interprété comme du narcissisme. Je jure que ce n’était pas l’objectif, même si je n’ai, pour l’attester, que le fait d’avoir aussi cité le cas d’autres personnes dès que j’ai fini la démonstration concernant mon propres cas.<br /> <br /> L’exemple de ma démission vous a particulièrement interpelé, donc, et vous a semblé justifier une moquerie dont je ne suis pas sûre d’avoir compris le sens. Vous me traitez de Don Quichotte. Ca signifierait donc que je désire tellement être un personnage de roman que je m’invente des ennemis qui n’existent pas. Je comprends la métaphore, mais j’ai du mal à la comprendre dans le contexte.<br /> <br /> Qu’est-ce qui, de votre point de vue, n’existe que dans mon imagination ? Le fait qu’un enseignant incompétent puisse être dangereux pour son élève ? Partons du principe que ce soit ça. J’aurais dû préciser que j’avais été professeur des écoles en maternelle. Mon incapacité à être présente partout à la fois dans la classe et à être à coté de tous les élèves à la fois pour les empêcher de courir partout, de s’enfuir de la classe, et de se jeter des ciseaux à la figure fait que, je persiste, mes élèves étaient en danger avec moi comme institutrice. Peut-être qu’un professeur incompétent au collège ou au lycée ne met en danger que la réussite scolaire de l’élève, mais en maternelle, je regrette, c’est bien la sécurité de l’élève qui est en jeu, dès que le professeur n’a pas d’autorité.<br /> <br /> Mettons, cependant, que ce danger que je voyais n’existe pas, que ce soit un moulin à vent. Ca ne retire en rien la valeur de l’exemple dans ma démonstration. Il suffit que, pour moi, le danger ait été réel. Il a été très difficile de réussir le concours de professeur des écoles, d’autant qu’il s’agissait d’une reconversion après un premier échec professionnel. N’ayant pas été titularisée à cause de mon incompétence, je n’avais pas accès aux mesures qui auraient pu me permettre de changer de travail sans pour autant quitter la fonction publique. Quitter la fonction publique est un acte risqué, car il est très difficile de retrouver un travail ensuite. Les employeurs privés se méfient de vous parce que vous avez d’abord choisi de travailler dans la fonction publique, les employeurs publics se méfient de vous parce que vous l’avez quittée. J’avais tout ça en tête au moment de choisir de démissionner. En outre, le métier me plaisait. Il est dur de renoncer à un métier qui vous plait. Il est dur d’admettre qu’on est mauvais dans quelque chose qu’on aime faire. Il est dur de s’exposer à des années de chômage et de recherche d’emploi infructueuse. J’ai donc fait quelque chose de très dur, de très mauvais pour moi, parce que la sécurité de mes élèves me semblait plus importante que mon propre bien-être. Que cette sécurité ait été réellement compromise ou non, ça ne change rien au fait que j’ai fait quelque chose de très mauvais pour moi par pur altruisme, ce qui, il me semble, atteste de ma maturité bien plus sûrement que le fait que je joue à Pokémon Go n’atteste de mon immaturité.<br /> <br /> Il se peut, mais dans ce cas vous auriez du le préciser, que ce qui vous chiffonne dans cet exemple, c’est que je prenne un sacrifice comme exemple de geste mature, sous-entendant par là que la maturité consiste uniquement à se sacrifier. Si c’est le cas, dissipons ce malentendu. Je ne pense pas que le sacrifice soit le seul et unique moyen de se conduire en adulte, j’estime même qu’il est extrêmement immature de se sacrifier inutilement, et avant de le faire, j’ai longuement cherché les autres options et constaté qu’il n’y en avait pas. Comme j’ai dit, mon propre exemple est l’exemple que je maîtrise le mieux pour ma démonstration, et il se trouve que les gestes les plus matures que j’ai eu à faire dans ma vie étaient, effectivement, des sacrifices personnels. Mais ça ne signifie pas que le sens du sacrifice soit le seul symptôme de maturité existant. Preuve de ma bonne foi quand j’affirme cela, j’ai continué ma démonstration en exposant ce qui me semble mature de la part des commentateurs de mon émission Youtube, (c'est-à-dire exposer leurs arguments et écouter les arguments d’autrui quand ils rencontrent la contradiction) et il ne s’agit en rien d’un sacrifice. Je suis certes passée plus rapidement, dans ma plaidoirie, sur ce type de cas de figure, mais, je le répète une dernière fois, c’est seulement parce que je connais plus mon propre cas que celui des autres.<br /> <br /> J’espère que, dans ce discours tâtonnant, j’aurai réussi à dire une ou deux choses qui soit en rapport avec ce que vous avez tenté de m’exprimer via votre message énigmatique. Si rien de tout ça n’a été pertinent, je vous invite à clarifier votre propos.
V
"What's the point of being grown up if you can't be childish sometimes..." - The Doctor
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G
Mes parents sont retraités, ils vont sur leurs 70 ans, ils ont fondé une famille, je pense pouvoir assurer qu'ils sont adultes. Ils jouent à Pokemon Go. Ma mère lit des BD, des manga, des comics en VO, et lorsque je reviens en France, nous en profitons pour aller au cinéma ; ces dernières années, nous avons notamment vu ensemble Le Vent se Lève, Avril et le Monde Truqué, ou encore La Reine des Neiges. J'estime qu'elle a toujours eu cette envie en elle - mon père moins - mais n'assumait tout simplement pas de ne pas correspondre entièrement à l'image que se doivent d'afficher les adultes. Tandis qu'avec notre exemple à ma soeur et à moi, elle a progressivement commencé à assumer ces envies "enfantines". Après tout, si je suis allé dès mon plus jeune âge voir les Walt Disney au cinéma avec elle, je suis sûr que c'est parce que je lui fournissais un alibi.<br /> Je ne crois pas que les adultes le soient fondamentalement moins qu'à une époque, c'est juste qu'ils assument plus facilement pas correspondre à l'image de l'adulte.
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