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16 novembre 2023 4 16 /11 /novembre /2023 23:04

Dans une île toute pourrie, il y avait une fille, parfaite. Comme elle était parfaite, bien sûr, le prince de l’île était amoureux d’elle. Et comme, en dépit de sa perfection, elle était roturière, le seigneur de l’île décida de se débarrasser de son fils en le livrant à une sorcière, et d’adopter un héritier plus apte à perpétuer la lignée en se mariant avec des prétendantes de noble sang. La fille parfaite, étant parfaite, commença par demander l’aide des autorités compétentes, pour sauver son amoureux, et ce n’est qu’après avoir essuyé leur refus qu’elle se décida, malgré son inexpérience mais armée de sa perfection, à partir sur les mers pour délivrer celui qu’elle aimait. 

Rien qu’avec ce pitch, j’aurais voulu lire ce livre, mais ce pitch est loin de révéler à quel point il était fait pour moi. 

Car l’histoire, si passionnante, si engageante qu’elle soit, et les personnages, si attachants, si inspirants qu’ils soient, sont loin d’être le principal intérêt de ce livre. 

Le principal intérêt, pas le seul, mais le principal, c’est la narration. 

Une narration drôle, impertinente, caustique mais en même temps pleine de bons sentiments, tenue par un personnage omniscient mais intégré dans l’histoire, impertinent et philosophe, amateur de répliques qui tuent et de réflexions profondes sur la condition humaine, les relations entre personnes et l’intérêt de la vie. Mais surtout ce narrateur est drôle. Extrêmement drôle. L’histoire est très sérieuse, pas de malentendu, mais le narrateur est hilarant. 

On comprend assez vite que ce personnage doit être un personnage récurrent des livres de cet auteur. Cependant même en ne connaissant pas les autres livres, on adhère immédiatement à ce personnage et à cette narration. On devrait lire ce livre, rien que pour ce narrateur. 

Pour vous donner un ordre d’idée, j’ai assez rapidement pris l’habitude d’interrompre ma lecture pour noter les meilleures phrases. 

Malheureusement, cet ouvrage était vraisemblablement un exercice de style pour son auteur. Cette narration est unique, et n’aura plus jamais d’équivalent. Ça rend l’œuvre d’autant plus précieuse. 

J’ai trouvé l’histoire plutôt prévisible et c’est loin d’être un reproche. Pour être plus exacte, au cours de ma lecture, chaque fois que je désirais que les événements prennent une certaine tournure je savais qu’ils allaient tourner comme cela car cette histoire mettait systématiquement un point d’honneur à être très précisément celle que je voulais entendre.  

Mais Tress de la mer Emeraude, ce n’est pas juste l’histoire parfaite d’un personnage parfait raconté de manière parfaite dans un style parfait. C’est aussi un univers original et intéressant. 

Qu’est-ce j’entends par original et intéressant, moi qui suis infichue de m’intéresser à un univers s’il ne sert pas à sublimer l’histoire ?  

J’entends, bien sûr, qu’il la sublime. Et ce n’est rien de le dire. 

Si l’éponyme mer Emeraude sur laquelle navigue notre héroïne parfaite est de couleur émeraude, c’est parce qu’elle n’est pas constituée d’eau mais de pollen. Ce pollen a des réactions spectaculaires et dangereuses lorsqu’on l’asperge d’eau, ce qui, je cite “peut poser problème vu le nombre de truc humides qui s’écoulent des corps humains, même ceux en bonne santé”. Mais comme un personnage de point’n click bien astucieuse, notre héroïne parfaite va trouver le moyen d’exploiter les mécanismes de cet univers de façon à faire aller le scénario dans le meilleur sens possible. Et on en retirera non seulement des images mentales sublimes et du vocabulaire exotique du style “éther de minuit”, ou “lien de Luhel”, mais surtout des péripéties passionnantes, les péripéties qu’il fallait voir se produire dans cet univers-là pour justifier cet univers-là. 

Je ne peux pas décrire Tress de la mer Emeraude car rien de ce que je pourrais en dire ne serait aussi élogieux que ce livre le mérite. C’est un livre unique, une lecture passionnante, un plaisir complet de la toute première à la toute dernière page, sans la moindre fausse note. C’est un livre qui se vit, se rit, se pleure, se tremble, se lit et se relit, se cite, et ne se commente pas. 

Je ne peux que vous recommander d’arrêter tout ce que vous êtes en train de faire, quoi que ce soit, et de vous dépêcher d’aller le lire. 

 

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2 novembre 2023 4 02 /11 /novembre /2023 22:12

Dans l’ensemble des épisodes précédents, nous avons vu que Star Wars était mort. 

Ma première rencontre avec Star Wars, ce sont les figurines Luke et Leia que m'a offert mon grand-père quand j’étais petite, je ne sais plus quel âge. Entre trois et 6 ans. On m'a montré les deux tiers du retour du Jedi, mais j'ai aller me coucher et c'est mon grand-père qui m’a raconté la fin le lendemain. C’était une magnifique fin.  

Plus tard, quand j'ai été plus vieille, mes parents ont eu une télé et j’ai pu regarder la trilogie entière. Régulièrement. En boucle. 

Je n'ai jamais compris le concept de prolonger la franchise parce que pour moi, il a toujours été évident que pour revivre le film il suffisait de le voir et de le revoir, toujours. 

Je n’ai jamais compris le principe de remasteriser les films puisque le récit oral sans effet spéciaux de mon grand-père m’avait suffi pour savoir combien l’histoire était belle. 

J’ai adoré ces films. Vraiment. Ils m’ont procuré une joie immense, une joie que j’ai pu partager avec mes frères, mes amies, mon grand-père, mes cousins. 

Maintenant, il est temps de faire son deuil, pour de bon, cette fois. Je ne parlerai plus de ces films, je ne les ferai découvrir à personne et je ne les regarderai plus. Je n’y penserai plus. 

Ok, je continuerais sans doute à faire des duels de sabre laser avec des mikados, à fredonner la marche impériale quand il faudra mettre de l’emphase sur la vilainie de quelque chose, et à parler de “passer du côté obscur” ou de “sentir quelque chose dans la force” quand j’aurais besoin d’évoquer ce genre de trope pour une vidéo.  

Qu’on le veuille ou non, cette œuvre a posé des bases aux règles de la fiction, et même si on est obligé de s’en détacher émotionnellement aujourd’hui, il faudra continuer à utiliser le vocabulaire qu’elle nous a offert pour comprendre le monde et les histoires. 

Mais je renonce à Star Wars, je renonce à aimer Star Wars, je renonce à avoir ça dans mon univers imaginaire. 

Je suis fatiguée de regretter un état des choses qui a disparu et qui ne reviendra jamais. Je suis fatiguée de me demander si ceux qui ont demandé à faire disparaitre cet état des choses souhaitaient réellement qu’il disparaisse et, si c’est bien le cas, pourquoi ils prétendent que non. Je suis fatiguée de cette guerre, dans laquelle, de toute façon, nous avons tous perdus. 

Vous avez le droit d’aimer les nouveaux opus. Et moi, j’ai le droit d’être triste de ne plus pouvoir aimer les premiers. 

Je sais que ce n'est pas grave, que ce n'est une fiction. Qu’à tout casser, la mort d'une fiction, c’est moins grave que la mort d'une personne.  

C’est vrai, on peut vivre sans Star Wars. Des tas de gens dans la vie s’en passent et vont s’en passer désormais. Ce n’est qu’une fiction en moins, un outil en moins pour s’élever, une référence en moins à partager, un trait d’union en moins entre soi et l’autre. 

Mais la vie est triste. Le monde est froid. La survie est compliquée. L’amour d’autrui est impossible à obtenir, même en se crevant à essayer de plaire. Le plaisir intellectuel de savoir que ce monde froid et imparfait a tout de même produit des œuvres qui valent la peine d’être contemplées est un des rares bonheur que ce monde a à offrir. 

Il y a des choses plus graves que la mort d’une fiction. Mais il n’est pas obligatoire que les choses soient graves, pour en être triste. On a le droit de pleurer sur un jouet cassé. 

J’ai vraiment beaucoup aimé ce jouet. Ça ne fait pas de moi une horrible personne de pleurer pendant que je l’enterre. 

FIN 

 

 

TLDR :
Oui, on est au courant pour Code
Lyoko.

Non, on n’est pas contents.

Oui, si ça se concrétise, on décrochera l’affiche qui est dans notre décors et on cessera d’évoquer Code Lyoko dans les vidéos.

Non, on ne mettra pas nos cinq vidéos sur Code Lyoko en privé. 
Non, il n’y aura pas d’autre commentaire. 

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1 novembre 2023 3 01 /11 /novembre /2023 10:24

Dans l’épisode précédent, nous avons vu que renoncer à son Star Wars serait plus facile si on était sûr que notre Star Wars déplait et n’est pas effacé par négligence. 

Nous allons mourir. Le monde auquel nous appartenons va mourir. La culture qui constitue ce monde va disparaître, plus rapidement si elle est remplacée par une autre qui porte le même nom que si elle est conservée en l’état dans une vitrine de musée, mais en tout cas, elle va disparaître. 

Il est vain de vouloir lutter contre ça, on peut tout au plus en retarder l’échéance en maintenant ses fictions préférées dans les mémoires. 

Mais en attendant, le présent continue, et nous ne sommes pas morts. On ne peut pas mourir avant d’être mort. Nous sommes toujours dans le monde. Nous lui appartenons autant que n’importe qui. Notre culture lui appartient toujours autant que n’importe quoi. D’accord, ce qui se construit à long terme dans ce présent, seuls les plus jeunes le verrons s’accomplir, et peut-être qu’ils ont plus de légitimité à refuser telle ou telle tendance pour privilégier telle ou telle autre. Mais le présent actuel, l’état du monde à l’instant T, nous y sommes en même temps qu’eux. Notre culture y est en même temps que la leur. Nous n’y pouvons rien et eux non plus : il faut partager ce monde. Il faut y coexister. Soit en s’imposant les uns aux autres par le conflit, soit via la transaction et le compromis. 

Mettons la fiction de côté pour l’instant, et parlons du Vivre Ensemble. Beaucoup d’intérêts personnels sont incompatibles et inconciliable, on ne peut pas éviter d’en sacrifier un peu pour vivre ensemble, on peut tout au plus essayer de sacrifier équitablement, que chacun fasse un peu d’effort pour que tout le monde ait autant de confort que possible, plutôt qu’une partie des humains souffre pour que quelques autres soient pleinement heureux. Pour cela, il faut travailler de concert, communiquer. Pour cela, il y a une base sur laquelle on peut se fonder, c’est la réalité. La réalité est commune. Ne pas nier ce qui est, parler ensemble de ce qui est, c’est l’étape numéro un pour arriver à vivre ensemble. 

Revenons à la fiction, maintenant. Qu’on le veuille ou non, dans un monde interconnecté, la culture sera commune. A moins d’un rude et long travail de propagande à l’efficacité peu garantie, on ne peut pas empêcher les œuvres qu’on aime pas d’exister ou d’avoir existé. Concernant Star Wars, tous les films, tous les jeux, toutes les séries, tous les comics, tout ce qui a été fait a bel et bien existé. On peut continuer à se sauter à la gorge les uns aux autres à cette évocation, on peut éviter de se parler, mais le plus constructif, c’est quand même d’accepter cet état de fait. Accepter que ce qui a existé a exister. Accepter qu’à l’origine, George Lucas avait envisagé de faire 9 films, mais pas ceux-là, et que finalement, l’histoire qu’il a choisie de raconter tenait en trois. Accepter qu’il y a eu un univers étendu développé par-dessus ses films, s’y enchâssant plus ou moins bien selon les œuvres, mais que ce n’était pas initialement prévu. Accepter qu’il y a eu une prélogie créée pour raviver la franchise, mais qu’elle ne manquant pas spécialement dans l’œuvre d’origine. Il faut accepter que tout un tas d’œuvres ont été écrites autour, que certaines étaient moins réussie que d’autres, qu’un certain nombre d’entre elles se contredisait, et que ça a commencé à devenir n’importe quoi. Il faut accepter qu’une suite au trois premiers films s’est faite en bout de course, alors que l’histoire de base était finie. Il faut accepter qu’avec ces suites est venu un état d’esprit très différent de ce qui avait été fait jusqu’à présent, et que ce qui avait été écrit jusqu’à présent a été décannonisé après avoir été la version officielle pendant plusieurs décennies. Il faut accepter que l’ensemble ne donne pas un tout cohérent. Il faut accepter que tout le monde n’aime pas la même partie de Star Wars, et qu’on ne peut pas affirmer être fan de star wars puisqu’il n’y a plus UN Star Wars mais 36000.Et surtout, accepter que tout ça serait plus facile à gérer pour nous si, de base, Star Wars était restée une simple trilogie faite dans les années 70, et si on avait eu le droit d’entendre tous la même histoire. Et aussi, si on s’était dit qu’au fond, ce qui est important, c’est l’histoire. 

Ceux qui appellent de leur vœux la prolongation ad vitam aeternam des franchises ne s’intéressent pas aux histoires, ils s’intéressent aux univers. Ça ne change rien au fait qu’ils doivent tout de même se mettre d’accord sur les règles de l’univers en question, mais soit, reconnaissons que la question est de savoir si l’histoire est si importante, et si elle doit être placée sur un piédestal et mise dans un musée une fois qu’elle a un début, un milieu, une fin. 

Encore une fois, posons-nous la question, posons-nous la sincèrement. 

Pas moi, malheureusement. Je ne pourrai pas. Ce n’est pas par manque de volonté. Je n’ai pas de réponse, car je ne suis pas capable d’envisager le cas de figure où la réponse serait non. 

J’aime les histoires. Elles constituent des exercices de pensées qui me permettent de cumuler l’expérience de mille vies et gérer mon quotidien sur base de cette expérience. Les univers dans lesquels elles se développent ne m’intéressent que dans la mesure où ils permettent d’y avoir ces expériences, sans elles ils seraient vide de sens et d’intérêt. Je ne prétends pas comprendre quelqu’un qui trouve que l’univers est plus intéressant que l’aventure qu’on y vit. J’entends que ça existe, et je suis prête à écouter, si on m’explique pourquoi, mais je ne promets pas de comprendre. 

Je suis tout de même capable de dire que ces expériences de mille vies que les histoires me donnent, j’ai tout avantage à les vivres en même temps que les autres humains qui partagent le monde avec moi. Avoir ces expériences en commun me permet de communiquer avec eux, de construire notre relation sur des référence commune, et nous garantit la possibilité de vivre ensemble. Donc oui, une histoire est importante, suffisamment, à mon avis, pour être placée sur un piédestal et mise en un musée une fois qu’elle a un début, un milieu et une fin. Suffisamment pour qu’on la réécrive du début si on veut recommencer à expérimenter son univers, plutôt que de la prolonger avec une suite qui lui retire son sens. 

Je ne peux pas être sûre d’avoir raison tant que je ne serai pas en mesure de faire l’expérience de pensée nécessaire pour envisager ce qui motive quelqu’un à préférer l’univers et s’en foutre de l’histoire. Mais je peux tout de même affirmer que la fiction a cette utilité, et que, pour moi, cette utilité mérite le respect. 

 

Dans le prochain épisode : la mort des étoiles

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31 octobre 2023 2 31 /10 /octobre /2023 18:52

Dans l’épisode précédent, nous avons vu que parler d'une fiction sans avoir de base commune rend impossible toute discussion sereine

Dans Avatar, le dernier maître de l'air, Aang, dernier survivant d'un peuple entièrement décimé fait visiter à ses amis les vestiges d'un temple érigé par son peuple disparu, pour découvrir que celui-ci a été investi par de nouveaux habitants qui y ont organisé leur vie, détruisant au passage quelques œuvres d'art qui y était exposée. 

Aang est mortifié par le saccage mais obligé de l’accepter. La civilisation à laquelle ce temple appartenait a disparu et la nouvelle génération doit bien vivre et penser à son propre confort, dans les murs de ce temple. 

Quelqu’un dont je ne doute pas de l’honnêteté me demandait l’autre jour sur le discord si nous avions vraiment le droit de nous opposer, au nom de l’esthétique, à la prolongation d’œuvres de notre jeunesse, de clamer notre dégoût pour ces prolongations avant même qu’elles ne soient sorties. Après tout, nous ne sommes pas la cible de ces nouveaux opus. La cible, c’est la jeunesse de maintenant. Est-ce qu’en s’opposant à ces sorties, nous ne sommes pas de vieux cons qui essayent d’imposer notre civilisation dans un monde auquel nous n’appartenons plus, dans lequel nous ne sommes plus, de par notre vieillesse, que des invités qui outrepassent leurs droits en exigeant du monde qu’il suive leurs règles lorsque le monde est passé à autre chose depuis longtemps ? 

En d’autres termes est-ce qu’il faudrait céder Star Wars aux jeunes d’aujourd’hui ? Qui sommes-nous pour décréter que le nôtre est le meilleur au seul motif qu’il est arrivé avant et surtout la fiction est-elle suffisamment importante pour justifier de jouer les emmerdeurs auprès de pauvres téléspectateurs qui veulent juste profiter de leur épisode du Mandalorien sans rien demander à personne ? Puisqu’il doit y avoir un perdant dans l’histoire et que le monde ne nous appartient plus du fait de notre vieillesse, est-ce qu’il ne faut pas, juste, accepter d’avoir déjà perdu ? 

Posons-nous la question. Posons-nous la sincèrement. Faut-il graver les fictions dans le marbre ? Les différentes mythologies et légendes se sont construites au gré de multiples réécritures qui se sont faites au cours du temps. A très long terme un sens a fini par se dégager. Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux laisser le destin faire son cours pour les fictions qui nous tiennent à cœur et laisser le temps en dégager la substantifique moelle pour en faire des légendes ? 

Je m’efforcé d’envisager cette option aussi honnêtement que possible, d’autant qu’il n’y a pas vraiment d’alternative. Mais si je dois être complètement sincère, pour moi, la réponse reste non. 

Un présent fondé sur la négation des événements passé est fragile. Une fiction bâtie sur des événements qu’on doit pourtant effacer pour lui permettre d’exister n’a pas d’identité. Même en considérant l’histoire comme un simple produit de consommation, que reste-t-il à consommer dans une suite dont on ne sait pas de quoi elle est la suite ? Quels sens peut-on donner aux images qui bougent devant nos yeux si on doit s’empêcher de se souvenir de ce qu’elle signifie ? 

Même si la fiction n’avait aucune importance _ et je persiste à dire qu’elle en a _ rend-t-on vraiment service aux jeunes en les autorisant à nier que ce qui a existé a existé ? Ne leur ferme-t-on pas la porte à toute possibilité de vivre en compagnie des autres ? 

Les nouveaux habitants du temple de l’air Boréal dans Avatar, le dernier maître de l’air ont le droit à un toit sur la tête donc le droit d’investir un bâtiment inoccupé. Ils ont le droit de l’aménager pour leur confort en installant des tuyaux pour faire circuler de la vapeur. Mais ont-ils le droit de le faire sans se préoccuper des fresques qu’ils détruisent ? Est-ce que le peu de valeur de ces fresques, comparé à leur survie et leur bien être suffit à justifier cette légèreté ? Peut-être. Mais peut-être aussi que dans la foulée, les premières personnes qu’ils privent de la beauté de ces fresques, c’est eux-mêmes. Peut-être que ces fresques leur apporteraient quelque chose d’aussi précieux que le confort et la chaleur s’ils prenaient le temps de les regarder. 

Je passe volontairement sur la question de savoir si le peuple de l’air auquel j’appartenais a disparu… et qui l’a fait disparaître. Ce qui m’intéresse, c’est cette attitude des nouveaux nomades de l’air dans le temple de l’air Boréal. Ont-ils délibérément choisi de sacrifier le témoignage du passé au profit de l’avenir ? Ou n’ont-ils simplement pas vu, pas réfléchi ? Je veux surtout poser cette question-là. En autorisant les jeunes à effacer Star Wars pour le réécrire leur donne-t-on ce qu’ils veulent ou ce qu’ils croient vouloir faute de savoir ce qu’ils pourraient avoir ? 

Lorsqu’il a été l’heure d’écrire un nouveau Star Wars pour la nouvelle génération, avec un nouveau Seigneur des Ténèbres, un nouveau Chevalier Noir, et le Jeune Homme remplacé par une Jeune Fille pour ne pas être réac, il aurait été possible de reprendre l’histoire au début, de raconter une nouvelle version, avec quelques péripéties différentes et un héros féminin. Mais non, ce qui a été réclamé, ce qui a été vendu, ce qui a été acheté, c’est une suite. Une suite qui rompt avec tout ce qui constitue ce dont elle est la suite sans pour autant renoncer à en être la suite. Le choix de renoncer à son Star Wars serait plus facile à accepter s’il nous était imposé par des gens qui reconnaissent qu’ils veulent le détruire, par nécessité, par désir de progresser, par haine ou parce qu’ils sont sûr qu’un plus grand bienfait pourrait en être tiré. En tant que Aang nous essayons de signaler : « Attention, sous votre tuyau, il y a des fresques » en étant prêts à accepter la réponse comme quoi ces fresques sont moches ou sans importance. Mais jamais on ne nous répond cela. On nous dit que si, si, on aime la trilogie originelle, si si on aime le couple du Contrebandier et de la Princesse, on aime le héros accomplit que le Jeune Homme devient à la fin on aime la rédemption du Chevalier Noir… Et que c’est pour ça qu’on désire ardemment une suite où le couple s'est séparé, le héros est devenu une horrible personne et la rédemption du Chevalier Noir est devenue insignifiante à tous les niveaux. Ça a peut-être une cohérence imperceptible mais nous ne la percevons pas. Nous avons juste le sentiment que notre interlocuteur se contredit, alors nous insistons, nous insistons pour amener la personne soit à nous justifier cette incohérence soit à en prendre conscience. Mais notre insistance a tôt fait d’être plus remarquable que notre argumentation et notre interlocuteur cesse de nous écouter en nous catégorisant « vieux con ». 

Star Wars, c’est l’histoire d’un débat qui devrait avoir lieu et qui n’aura jamais lieu. J’ai détaillé les raisons qui me semblent expliquer cette impossibilité de débattre. Je n’ai pas de solution. Mais je suis sûre d’une chose. Aang n’est pas un vieux con. Aang a le droit de pleurer sur ses fresques disparues. 

 

A suivre

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30 octobre 2023 1 30 /10 /octobre /2023 22:33

Dans l’épisode précédent, nous avons vu que les multiples changements opérés dans l’histoire et l’univers de Star Wars ont amené la franchise, au fil du temps, à n’avoir plus aucune référence commune entre chacun de ses spectateurs

Il y a, sur Internet, des sujets qu'il ne faut pas aborder. Des affaires Dreyfus qui, quel que soit le contexte, quelle que soit l’assistance, garantissent de finir en pugilat généralisé. 

Star Wars est un de ces sujets. Personne n'arrive à en parler calmement. Le Youtubeur Linkara, par exemple, que j'ai vu rester stoïque sur les sujets les plus durs, ne parvient pas à contenir sa rage dès qu’il s’agit de parler de Star Wars, d’expliquer ce qu’il aime dans la postlologie, ce qu’il trouve stupide dans la prélogie, pour des raisons qui lui semble tout à fait logiques et évidentes mais qu’il a vu contredites avec ce qui lui semble la plus parfaite mauvaise foi. D’une honnêteté intellectuelle irréprochable sur les autres sujets, il refusera de comprendre, dans Star Wars, des éléments qui, dans une histoire de super-héros, lui semblerait pourtant tout à fait logiques, comme le fait que des défenseurs de la paix aient besoin d’être armés, ou esthétiques comme le fait que les combats entre gentils et méchants soient l’occasion de grandes chorégraphies acrobatiques. Il aura beau tenter d’être posé et argumenté, lorsqu’il répond d’avance à une énorme explication comme quoi telle incohérence des films est expliquée dans telle œuvre de l’univers étendu, il ne peut pas se retenir de crier : « I BELIEVE YOU ! BUT IT’S NOT IN THE MOVIES ! IT’S ! NOT ! IN ! THE ! MOVIES ! ».  

Et ce qui est tragique là m-dedans, c’est qu’il est certainement de bonne foi. Ses interlocuteurs aussi, à leur manière. Ils ne parlent tout simplement pas de la même chose. Le Star Wars de Linkara c’est la postlologie. Celui de ses interlocuteurs, c’est l’universel étendu d’avant Disney. Deux œuvres estampillées pareilles mais n’ayant rien à voir entre elles. 

Indépendamment de la question de laquelle est plus réussie, ces deux œuvres se contredisent et ne peuvent pas coexister. L’enjeu de tout débat sur elles est de déterminer laquelle doit être renvoyée au néant et laquelle doit être gardée en mémoire. Si l’on considère que la postlogie est l’œuvre la plus réussie, ce sont les imperfections de l’univers étendu qui doivent être condamnées. Si l'on considère l’univers étendu comme plus réussi, c’est la postlogie qu’il faut jeter. 

Et la trilogie originelle ? Ne devrait-elle pas faire consensus ? Non, car la trilogie originelle est un conte tout simple, peu commentable et très interprétable. 

Avec la meilleure volonté du monde, on ne peut pas parler de Star Wars parce qu’on ne peut pas parler de la même chose que l’autre. Et il n’est pas possible d’en parler sur un ton neutre car ne pas condamner le Star Wars de l’autre implique de laisser son Star Wars être effacé de l’Histoire. 

Et alors ? Pourquoi ne pas garder son Star Wars dans son cœur, se taire, laisser l’autre profiter du sien, et juste éviter toute discussion sur ce sujet-là ? 

En désespoir de cause et la mort dans l’âme, c’est ce à quoi tout le monde _ à part ceux qui aiment la bagarre_ s’est résigné. 

Et ça n’a rien de satisfaisant. Pour plusieurs raisons. 

D’abord, parce que garder l’œuvre qu’on aime dans son cœur, se taire et laisser les autres profiter du leur ce n’est pas possible. Nous ne sommes pas des personnages de fiction, nous. Nous vivons dans la même réalité. Je veux bien laisser les fans de Snyder profiter du Snyder Cut de Justice League pendant que je reregarderai pour la énième fois la version cinéma que j’aime tant. N’empêche que parce que le Snyder Cut existe, je ne verrai jamais le film New Gods que je rêvais de voir. Nous sommes dans un monde interconnecté. La victoire de l’un est forcément la défaite de l’autre. 

Ensuite parce que ça ne me suffit pas d’aimer mon Star Wars. Je veux pouvoir en parler. 

La fiction sert à deux choses. D’abord, entraîner l’âme à la sagesse en lui faisant accéder, par le biais de l’imagination, à toutes les expériences de pensées nécessaires pour voir le monde sous un autre angle. Ensuite, partager ces expériences avec d’autres, les confronter aux leurs pour affiner sa vision et sa réflexion et augmenter ses chances de communication via des expériences communes. 

Or, il y a deux conditions de base à toute forme de discussion. Premièrement, que chacun soit honnête. Deuxièmement, que chacun parle du même sujet. C’est pour ça que je dis que ça ne sert à rien d’entrer dans une discussion si on n’est pas convaincu que son interlocuteur est de bonne foi et intelligent. Mais quelle que soit sa bonne foi ou son intelligence, si le sujet dont nous parlons ensemble n’existe plus dans la réalité commune à force d’avoir été modifié et modifié encore, aucune discussion ne peut avoir lieu. Pour discuter, il faut avoir un sujet en commun. Il faut avoir une base commune. Il faut ne pas avoir besoin de démontrer qu’on existe, que la réalité dans laquelle on se trouve existe, que deux et deux y font quatre et y feront toujours quatre quel que soit les circonstances et ne pas être confronté à l’angoisse que ça procure d’entendre dire que deux et deux font cinq, ont TOUJOURS fais cinq, et que c’est très bizarre et absurde d’envisager que ça pourrait faire quatre. Personne ne peut supporter avec calme qu’on nie l’expérience de toute sa vie. 

Bref, en renonçant à ce que Star Wars reste une seule et même œuvre cohérente scénaristiquement et esthétiquement, on a renoncé aussi à la possibilité d’avoir des discussions sur Star Wars entre qui que ce soit. 

A partir de là, que faire de son expérience intime de star wars qu’on ne peut plus partager avec personne. A-t-elle encore un intérêt quelconque ? Quel plaisir peut-on avoir à jouir de cet œuvre quand on la regarde avec en tête l’idée qu’il faut jouir clandestinement, que personne ne doit savoir ce qu’on en a retiré, qu’on ne pourra confier à personne ce que cette œuvre apporte. 

La fiction sert à être partagée. Quel est le sens d’une fiction qu’on ne peut plus partager ? 

Dans le prochain épisode : Aang et le temple de l'air Boréal

 

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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 16:25

Dans l’épisode précédent, nous avons vu qu’un joli conte tout simple a tendance à se gâter quand on le prend trop au sérieux

Star Wars. L’incontournable franchise. 

Tout le monde connait. Du moins tout le monde croit connaître. Mais personne ne connait le même Star Wars. 

Pour le spectateur de 1983, Boba Fett y meurt dans le ventre du Sarlacc, sauf qu’il survit, et s’en échappe. De deux façons différentes selon les versions, ce qui a finalement impliqué de décider qu’il avait trouvé le moyen de se faire bouffer deux fois par la même créature. Dark Maul est coupé en deux par Obi-Wan dans la Menace Fantôme, mais il n’en finit pas de survivre et revenir. L’étoile de la mort a été conçu par un ingénieur, sauf que finalement, elle a été conçue par les Géonosiens, sauf que finalement elle a été conçue par le père de l’héroine de Rogue One. 

Éléments canons, décannonisés, retconnés, recannonisés. Histoires contradictoires écrites autours des films. Œuvres canons qui se contredisent entre elles, font voltes face par rapport aux règles qu’avaient fixées leurs prédécesseuses. Changements de propriétaires, de direction, de ligne artistique.  

Selon l’époque à laquelle on aura commencé Star Wars, on n’aura pas découvert le même Star Wars que son voisin. Selon qu’on soit joueur de jeux, lecteur de comics, spectateur de films, on n’aura pas vu le même Star Wars que son voisin. 

On aura adoré le Star Wars qu’on aura découvert. On aura très envie que ce soit celui-là, le vrai. On signera des pétitions pour décanoniser Star Wars 8, et on sera scandalisé que Star Wars 9 n’ai plus aucun sens par rapport à tout le reste. On ne s’y retrouvera plus. 

On aimera Star Wars. Mais que répondra-t-on à quelqu’un qui demandera ce que c’est, Star Wars ? 

A la base, c’était une trilogie de film, racontant un petit conte tout simple et plaisant, dans une ambiance Space Opera. Puis un univers étendu a été créé, développé sur plusieurs supports, pour ensuite être décanonisé lors du rachat de la franchise par un nouveau propriétaire, et un autre univers étendu a commencé à se développer, avec d’autres règles, un autre historique, une autre esthétique. Quel est l’élément qui reste commun ? Reste-t-il un élément commun ? 

Ceux qui ont grandi avec Star Wars veulent faire aux nouvelles générations le cadeau de grandir avec Star Wars et veulent faire un nouveau Star War pour chaque génération. Mais la définition de ce qui fait Star Wars s’étant perdue au gré de tous les changements d’orientation de la franchise, le développement des nouveaux opus n’aboutit qu’à des débats houleux sur ce qui est ou n’est pas Star Wars. 

Chacun aime son Star Wars d’amour, et ne peut pas concéder qu’il n’existe pas, qu’il faut le laisser s’effacer au profit du star wars des autres. On ne peut pas parler de Star Wars calmement car on ne peut pas parler de Star Wars. Entre deux personnes qui parlent de Star Wars, aucune des deux ne parlera du même. 

Ce qui fait l’esthétique de Star Wars n’a plus aucun consensus. Star Wars est un conte, mais maintenant, la magie y fonctionne grâce à des petites particules qui captent la force en chacun de nous et s’appellent les midi-chloriens, les rues de Coruscant sont agrémentées de bars américains des fiftie’s et dans les casinos, où il y une surabondance de papier, on joue avec des pièces au lieu d’argent dématérialisé. 

L’enjeu de l’histoire, c’est la lutte du bien contre le mal, sauf que finalement, il s’agit d’établir un équilibre entre les deux, et à priori c’est la même chose mais tous les spectateurs ne sont pas d’accord. 

Une histoire de Star Wars est une histoire de Jedi, sauf que non, c’est une histoire d’aventurier qui vit des aventures de western de l’espace, sauf que non, c’est une histoire de groupe constitué de bric et de broc qui sauve le monde grâce à la force... 

Le seul caractère commun, c’est qu’une histoire de Star Wars, c’est une histoire que tu as aimé d’amour, et que tu ne peux pas accepter de voir effacer par un autre qui n’y reconnait pas son Star Wars à lui. 

Star Wars est une expérience très intime. Après tout, quoi qu’on en dise, c’était au départ un conte, et un conte, on l’habille de son intimité. En outre, chaque génération a découvert Star Wars enfant et a eu son star Wars d’enfance. Chaque génération a donc le droit de revendiquer cette expérience personnelle de star wars. 

Certaines fictions sont assez élaborées pour faire de leur lecture la base d'une réflexion sur laquelle un débat avec d'autres lecteur pourrait être intéressant, mais Star Wars n'a pas d'objectif plus élaboré que de raconter une histoire. Raconter une histoire est un objectif respectable. Je me plains souvent de fictions qui ne l'ont pas. Mais si plus personne n’est d’accord sur la question de l’histoire qui est racontée, c’est que l’objectif s’est perdu. 

Pour prolonger l’expérience Star Wars, il a fallu miser sur l’univers. Mais chaque génération ayant fait un peu ce qu’elle voulait sans se préoccuper des règles établies par les œuvres précédentes, cet univers s’est perdu également. 

Du coup, chacun a son Star Wars. Il n’y a pas de Star Wars commun. Donc Star Wars n’existe pas. N’existe que le logo, et les millions d’individus qui habillent chacun ce logo de leur expérience intime. 

 

Dans le prochain épisode : We don't talk about Star Wars, no, no

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28 octobre 2023 6 28 /10 /octobre /2023 17:35

« Maman ! Maman ! Tu nous raconte une histoire ? »

« D'accord.

Il était une fois, dans un lointain pays, un jeune homme qui vivait dans une ferme, avec son oncle et sa tante depuis la mort de ses parents. Il ne manquait ni de pain ni d'amour, mais il rêvait de gloire et s'ennuyait. Un jour, qu'il s'occupait des champs comme d'habitude, il surprit deux petits lutins qui enjambaient la clôture.

_ Aidez-nous, les armées du Seigneur des Ténèbres nous poursuivent. Nous avons un message à porter au sage sur la montagne.

Sans hésiter, le Jeune Homme attela son cheval, fit monter les deux lutins en croupe et partit au galop vers la montagne. Le Vieux Sage les accueillit, lu le message et pris un air attristé.

_ C'est la princesse du royaume voisin qui m'appelle à l'aide. Elle a été enlevée par le Seigneur des Ténèbres et est maintenant enfermée dans la Forteresse de la Mort, sous la garde du Chevalier noir. Elle m'explique que de là, le Seigneur des Ténèbres rassemble toutes ses forces armées pour envahir le monde, et qu'il faut l'arrêter avant qu'il soit trop tard. Tu m'as l'air d'un jeune homme courageux. Veux-tu m'accompagner pour délivrer la princesse et détruire la Forteresse de la Mort ?

Le Jeune Homme fut tenté, mais il pensa à son oncle et sa tante et répondit :

_ Non, je ne peux pas. Ma famille a besoin de moi.

Or, en rentrant chez lui, un terrible spectacle attendait le Jeune Homme. L'armée du Seigneur des Ténèbres était passé par là et avait tout détruit. De la ferme et de la famille du jeune homme, il ne restait que des cendres.

Brisé par le chagrin et ivre de vengeance, il rattrapa donc le vieux sage.

_ Je n'ai plus rien à perdre, je vous accompagne.

Ils s'en furent donc à l'assaut de la Forteresse de la Mort. Ce fut une dure bataille, le Vieux Sage y perdit la vie en affrontant le Chevalier Noir. Mais le Jeune Homme fit preuve d'une fougue et d'une force à toute épreuve. Il parvint à délivrer la Princesse et à brûler la forteresse. Surpris et incapable de réagir, le Chevalier Noir du prendre la fuite. Il alla trouver refuge près de son maître, le Seigneur des Ténèbres.

_ Qui a détruit ma forteresse ? demanda le Seigneur.

_ Sire, dit le Chevalier Noir, c'est un jeune homme.

_ S'il peut accomplir de si grand exploit en étant si jeune, qui sait ce qu'il fera quand il aura atteint l'âge mûr ? Tuons-le bien vite !

_ Sire, dit le Chevalier Noir, il est tellement puissant. Ne pourrait-on pas le convaincre de travailler pour nous ?

_ Je te laisse essayer, dit le Seigneur des Ténèbres. Mais s'il refuse, tu dois le tuer.

Le Chevalier Noir acquiesça.

Or, cependant, le jeune homme songeait que même s'il avait détruit la Forteresse de la Mort, le Seigneur des Ténèbres était toujours là, et que tôt ou tard, il allait recommencer à nuire. Pour protéger le monde, et pour éviter que d'autres subissent le même sort que ses oncle et tante, il fallait qu'il apprenne à se battre.

Il rendit visite à un célèbre guerrier, réputé pour sa puissance.

_ Apprends-moi ce que tu sais.

_ Non, dit le Guerrier. Je vois bien que tu es agité par la colère. Tu ne fera rien de bon de ce que je t'enseignerai.

_ Je ne ferai que ce que tu diras, dit le Jeune Homme.

_ Soit, dit le Guerrier. Je t'apprendrai ce que je sais, car quelqu'un doit vaincre le Seigneur des Ténèbres, et moi, je suis trop vieux. Mais rappelle-toi, tu as promis de ne faire que ce que je dirais. C'est moi et moi seul qui jugerai du moment ou tu seras près à affronter ton ennemi.

C'est ainsi que le Jeune Homme commença à apprendre l'art de la guerre.

Cependant, le Chevalier Noir était parti à sa recherche et ne pouvait le trouver, car le domaine du Guerrier était si bien caché que nulle âme corrompue ne parvenait à s'y rendre. Afin d'attirer sa proie à lui, il enleva donc une nouvelle fois la Princesse, mais également tous les amis les plus chers au cœur du Jeune Homme et les enferma dans un palais volant au dessus des nuages.

Quand la nouvelle parvint aux oreilles du Jeune Homme, il décida d'abandonner son apprentissage et de partir immédiatement pour délivrer ses amis.

_ Tu as promis ! gronda le Guerrier.

_ Je regrette, répondit le jeune homme, mais mes amis sont en danger. Je reviendrai quand il seront sauvés.

Et il partit pour le palais volant au dessus des nuages. Là, il se présenta devant le Chevalier Noir et lui dit :

_ Tu es mon ennemi. Je vais te tuer.

_ Es-tu bien sûr que je suis ton ennemi ? dit le Chevalier noir. Ici se trouve une Magie qui ne dit que la vérité. Écoute ce qu'elle à dire au sujet de ce que nous sommes l'un pour l'autre.

Le jeune homme écouta, et ce qu'il entendit l'horrifia. Contrairement à ce qu'il avait toujours cru, il n'était pas orphelin de père. Sa mère était morte en le mettant au monde, mais son père, lui avait quitté le foyer avant sa naissance, pour servir le Seigneur des Ténèbres. C'était lui, le Chevalier Noir.

_ Tu vois, nous ne sommes pas ennemis. Rejoins-moi donc, et sers le seigneur des Ténèbres.

Le jeune homme avait perdu toute volonté de se battre. Mais malgré tout, il ne voulait pas servir le Seigneur des Ténèbres. Il fit donc la seule chose qu'il avait encore la volonté de faire. Il courut à une fenêtre et se jeta dans le vide.

Il tomba, tomba, mais soudain, quelque chose l'attrapa et ralenti sa chute. Il releva la tête et aperçu la princesse.

_ Avec quelques autres, nous sommes parvenus à nous enfuir de nos cellules, et à quitter le palais à bord de ces machines volantes que tu vois là. Mais j'ai senti que tu étais en danger, alors je suis revenue.

C'est alors que la Magie qui ne dit que la vérité en révéla une nouvelle au jeune homme. En mourant, sa mère n'avait pas mis au monde qu'un seul bébé. Elle avait aussi donné naissance à une fille qui avait été éloignée de sa famille et adoptée par un roi. La Princesse était la sœur du Jeune Homme.

Il ne lui dit rien d'abord. Il rentrèrent au palais de la Princesse où ils soignèrent leurs blessures. Puis ils partirent délivrer ceux de leurs amis qui étaient encore prisonniers. Quand ce fut fait, le jeune homme retourna voir le Guerrier. Il le trouva mourant : l'âge l'avait rattrapé.

_ Je n'ai plus rien à t'enseigner, dit le guerrier. J'ai eu vent de la manière dont tu as délivré tous tes amis. Tu sais maintenant te battre. Il ne te reste qu'à tuer le Chevalier Noir.

_ Je ne peux pas le tuer, dit le jeune homme. C'est mon père.

_ Tu le dois, pourtant, car le Seigneur des Ténèbre ne pourra être vaincu tant que le Chevalier Noir sera à ses côté. Promets que tu le fera.

_ Je promets qu'il ne restera pas aux côté du Seigneur des Ténèbres, dit le Jeune homme.

Il resta auprès du Guerrier jusqu'à ce que celui-ci rende son dernier souffle, puis il retourna voir sa sœur et lui raconta tout, qu'ils étaient nés de la même mère, que leur père était le Chevalier Noir et qu'il allait maintenant partir l'affronter une deuxième fois.

La Princesse le supplia de n'en rien faire, lui proposa de s'enfuir là où le Chevalier Noir et le Seigneur des Ténèbres ne les retrouverait pas. Mais le jeune homme ne put s'y résoudre. Comme le Chevalier Noir avait tenté de le convaincre de servir le Seigneur des Ténèbres pour ne pas avoir à le tuer, lui allait tenter de convaincre le Chevalier Noir de revenir dans le camp du bien.

Il se rendit donc devant le Chevalier Noir, mais cette fois, le Seigneur des Ténèbres se tenait là, derrière lui.

_ Le Mal, dit le Seigneur des Ténèbres, est une maladie. Je vois que la colère est bien ancrée en toi. Si tu y cède, si tu tue ton père, ton cœur se corrompra instantanément et tu deviendra mon serviteur.

_ Je ne tuerai pas mon père, dit le Jeune Homme, et il ne me tuera pas.

_ Tu te trompes, répondit le Chevalier Noir. Je te tuerai. Et je tuerais également tous tes amis. Et je tuerai... Ta sœur. Je viens de le comprendre. Tu as une sœur. Peut-être qu'elle pourrait être corrompue.

_ NE FAIS RIEN A MA SŒUR ! s'écria alors le jeune homme.

Sa rage éclata, il leva son épée et l'abattit de toute ses forces sur le Chevalier Noir. L'habileté au combat de ce dernier l'empêcha de succomber à ce coup, mais il tomba tout de même au sol, privé de toute force. En le voyant à terre, le Jeune Homme recouvra en un instant ses esprits. Il jeta son épée au sol.

_ Je ne tuerai pas mon père, si grande que puisse être ma rage. Vous avez échoué, Seigneur des Ténèbres. Vous ne m'avez pas corrompu.

_ C'est dommage pour toi, dit le Seigneur des Ténèbres, car il était prévu de te tuer, si tu refusais de nous rejoindre.

Il referma donc ses mains osseuses autour du cou du jeune homme désarmé qui se mit à suffoquer. Il tenta de se débattre, mais la force du Seigneur des Ténèbres semblait sans égale.

_ Père ! articula le Jeune Homme, aidez-moi, je vous en supplie !

Le Seigneur des Ténèbres rit, sûr de la fidélité de son premier lieutenant. Mais le Chevalier Noir se releva et fondit sur Seigneur des Ténèbre. Pris de cours, celui-ci n’eut que le temps de blesser mortellement son adversaire avant de succomber.

Le jeune homme pris dans ses bras le corps de son père mourant.

_ Tu avais raison, dit le Chevalier Noir. Tu avais raison à mon sujet. Tu diras à ta sœur que tu avais raison.

Le Chevalier Noir mourut en étant revenu du côté du bien. Il fut enterré avec les honneurs. Le jeune homme et sa sœur vécurent heureux pendant de nombreuses années.

FIN »

 

« Ouais ! Trop bien cette histoire ! »

« Contente que ça vous ai plu ».

«  Et il se passe quoi ensuite ? »

« Ben, rien, c'était la fin ».

« Mais la sœur, elle va pas apprendre à se battre ? Et le jeune homme, il va pas se marier ? Et puis c'est comment la vie des gens, dans ce pays ? Je suis sûr que c'est un genre d'ouest sauvage avec des cowboy et des indiens. Tiens, tu pourrais nous raconter les aventures d'un cowboy qui... »

« Je peux vous raconter des histoires de cowboy, si vous voulez, mais cette histoire là, elle est finie. »

« Bon, alors donne nous un peu plus de détails. Pourquoi est-ce que le Chevalier noir est devenu méchant ? »

« Bon, si vous voulez. Quand la mère des deux enfants était enceinte, la Magie qui dit toute la vérité à révélé au Chevalier Noir que sa femme mourrait en couche. Il est donc allé voir le Seigneur des Ténèbres dont les pouvoir sont puissants, pour qu'il empêche cela, mais comme le mal est une maladie qui corrompt, c'est finalement lui qui a blessé sa femme au point qu'elle est morte en couche. »

 

« Mais pourquoi le Seigneur des Ténèbres accepte d'aider le Chevalier Noir ?»

« Parce que le Chevalier Noir est le héros d'une prophétie qui dit que c'est lui qui va soit tuer le Seigneur des Ténèbres, soit le faire gagner, qu’en tout cas l'avenir du monde dépend de son choix. »

« Ok. Et les pouvoirs du Seigneur des Ténèbres, ils marchent comment ? « 

« Comment ça, ils marchent comment ? C'est de la magie, c'est une histoire, j'ai vraiment besoin d'expliquer ça ?»

« Oui ! Et la Magie qui dit la vérité, elle marche comment ? »

« Vous tenez vraiment à avoir des explications sur la Magie ??? Bon, ben si vous y tenez, c'est des minuscules particules en chacun de nous qui servent d'aimants à Magie qui et qui nous permettent d'entendre la Magie nous dire la vérité. Même que ces particules ont un nom bien con du genre Midichlorien. Contents, maintenant ? »

« Non, on veut connaître tous les détails géopolitique de cet univers sur une centaine de générations et savoir ce qui se passera plus de mille ans dans le futur. Et on voudrait la suite de l'histoire aussi. »

« Mais, elle est finie ! Le Seigneur des Ténèbres est MORT ! »

« Bon, alors on dirait qu'il y avait un autre Seigneur des Ténèbres encore plus méchant, et que l'autre Seigneur des ténèbre, il a un autre Chevalier Noir qui serait le fils de la Princesse et qui serait devenu méchant parce le Jeune Homme, devenu vieux, a tenté de le tuer en devinant qu'il était le futur Chevalier Noir…. »

« Bon, les enfants, avouez, vous n'avez pas aimé mon histoire, en fait. »

« Si, si, on l'a aimée, mais on pense que ce serait mieux si il y avait une suite avec de nouveaux personnages et des cowboy et des indiens, et des animaux mignons, et... »

« Bon, ok, je laisse tomber, décidez ce que vous voulez... »


Dans le prochain épisode : A chacun son Star Wars

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25 octobre 2023 3 25 /10 /octobre /2023 22:42

Il y a quelques années (plus de vingt ans), je passais mon bac, et pour ce faire, je lisais les Confessions de Rousseau. Ces confessions commençaient par un défi : lire ce livre, se présenter devant Saint Pierre, et affirmer “Je fus meilleur que cet homme-là”. Après lecture, ce défi m’avait paru facile à relever. Même avec vingt ans de plus, et un certain nombre de péchés à mon actif, je pense malgré tout pouvoir affirmer sans trop mentir “Je fus meilleure que cet homme-là”. L’auteur de ces lignes était convaincu que l’homme est si corrompu, si faible, si esclave de ses pulsions qu’aucun individu au monde ne peut se regarder honnêtement et affirmer n’avoir commis aucune exaction pire que celle que lui, il avait commis durant sa vie. D’après mon expérience, il se trompait. 

Bref, aujourd’hui, vingt ans plus tard, cette année, j’ai joué à Disco Elysium. Deux fois, parce que la première fois ne suffit pas à réellement appréhender le jeu. Ceux qui y ont joué comprennent le rapport. 

Je ne suis pas une gameuse. Pas le temps, pas les compétences. Je ne donne pas d’avis sur les jeux vidéo. J’ai eu des expériences vidéoludiques très marquantes, très intenses, mais ne me sens pas l’expertise pour en parler, ce n’est pas mon domaine. Toutefois on ne peut pas jouer à Disco Elysium sans en parler. Ce n’est pas juste un jeu, c’est une expérience. Agréable, désagréable, peu importe, c’est quelque chose qu’on ne peut pas faire et oublier ensuite. C’est une rencontre qui remue les tréfonds du soi. Donc, peu importe mon manque d’expertise, mon domaine de prédilection habituelle, il faut que j'en parle. 

Disco Elysium est à priori un jeu de point’n'click ne nécessitant pas de réflexes ou de rapidité. Il n’y a pas de combat comme dans les KOTOR, mais une grande part d’aléatoire, parce que la réussite de certaines actions dépend de jets de dés dont on peut influencer le résultat en investissant des points d’expérience dans telle ou telle stat de son personnage. Mais c’est surtout un jeu de point'n click où il faut enchainer les bonnes actions et les bons dialogues pour faire avancer le scénario. Dans ce genre de jeu, la solution pour avancer est généralement d’essayer toutes les options de dialogue et de cliquer sur tous les objets cliquables. Pas ici. Ici, le jeu vous ment et vous piège. Vous devez sauvegarder avant chaque clic, car vous pouvez vous retrouver enfermé dans une version du scénario fort peu enviable si vous avez eu le malheur de sélectionner le mauvais dialogue, ou le mauvais objet. Le jeu ne vous donnera aucune occasion de vous rattraper. Il n’a aucune pitié ni aucune indulgence. C’est comme ça qu’il vous séduit. 

 

 

 

Quelques mots sur le scénario avant de continuer. 

Votre personnage se réveille, amnésique, dans un monde formicapunk dont vous, joueur, comprenez très vite qu’il ne s’agit pas de votre monde. Vraisemblablement, l’amnésie de votre personnage est la conséquence d’une cuite un peu trop grande. En dialoguant avec les premières personnes que vous rencontrez, vous réalisez que vous êtes un policier envoyé enquêter sur le meurtre d’un homme pendu dans l’arrière-cour de l’hôtel dans lequel vous êtes descendu. Les sbires de la mafia locale reconnaissent avoir commis collectivement le meurtre, mais vous ne pouvez pas les arrêter pour cela : non seulement, une bizarrerie juridique de l’univers dans lequel vous êtes empêche d’être condamné pour les meurtres commis à plusieurs, mais le quartier dans lequel vous êtes est tellement une zone de non-droit aux mains de la mafia que l’on peu sans souci y assassiner en toute impunité un policier qui tente de vous arrêter. Donc, a priori, il n’y a rien que vous puissiez faire, vous devez juste décrocher ce foutu cadavre, l’emmener à la morgue, et aller faire soigner votre amnésie. Sauf que le jeu ne vous donne pas l’option de vous en aller. Vous devez rester dans ce quartier où, à priori, vous n’avez rien de plus à faire. Pour vous occuper, vous continuez à cliquer sur tout et à enclencher tous les dialogues. Et là, vous réalisez qu’en fait, le mort n’est pas mort de la manière annoncée au préalable, et qu’il y a une histoire beaucoup plus compliquée qui se cache derrière. 

 

Votre personnage n’a pas annoncé dans les dialogues qu’il soupçonnait que quelque chose de louche se cachait derrière la pendaison. Vous n’avez aucune idée de pourquoi le jeu ne s’arrête pas à partir du moment où les mafiosos reconnaissent le meurtre. Vous êtes juste largués sans bouée dans un scénario dont vous ne comprenez pas le sens jusqu’à ce que le sens s’impose à vous. En outre, lors des différents dialogues, il arrive que certains choix aient l’effet opposé à celui annoncé. Par exemple, si vous tentez un jet de dé assez difficile pour réussir un tir de pétanque, votre personnage lance la boule au loin comme dans un jeu de lancer de poids et le jeu fait comme si l’action était réussie alors que vous, joueur, savez que votre personnage a raté son action. Vous êtes paumé dans un monde dont vous ne comprenez pas le sens à entreprendre des actions dont vous ne connaissez pas les conséquences puisque vous n’avez aucune idée du sens qu’elles ont. Et vous vous faites harceler par les voix dans votre tête. 

Ah oui, je ne vous ai pas dit. Votre personnage a une vingtaine de voix dans sa tête (chaque voix correspond à une de ses compétences) qui lui prodiguent des conseils, souvent fallacieux, sur les choix à faire pour avancer dans la suite. Ces compétences sont à la limite du surnaturel. Poussées à leur extrême, l’empathie permet de lire dans les pensées, l’art dramatique de détecter les mensonges les mieux faits, la projection analytique de lire dans le passé... Et que dire du scénario lui-même qui est une compétence cachée. Encore une fois, le personnage n’a pas annoncé qu’il soupçonnait que les aveux des mafiosos soient faux, mais il n’a pas pour autant quitté le lieu du crime. Il a deviné, sans avoir conscience de pourquoi, qu’il ne fallait pas le quitter. 

Le joueur, aux prises avec ces compétences trop extraordinaires et ce monde trop insensé qui ne réagit à aucune de ses actions de la manière attendue, est aussi démuni et perdu que son personnage. Ce jeu est un simulateur de désarroi. 

J’ai adoré y jouer. J’ai adoré l’univers, l’ambiance, la musique, et l’histoire qui se révèle peu à peu. Mais j’ai aussi subi moultes déception et humiliations durant ma partie. 

Votre personnage est, au choix, un odieux connard, ou un fieffé imbécile. Il n’y a pas de troisième option. Les dialogues ne vous proposent jamais ou quasiment jamais de réplique sage et intelligente. Si vous faites les choix les plus neutres possibles pour terminer votre enquête en ayant fait le moins de bêtises possibles, le jeu vous punit par une mauvaise fin. Si vous embrassez volontairement la voie de la méchanceté ou celle de la bêtise, vous débloquez des aspects supplémentaires du scénario et provoquez autour de vous des bouleversements qui non seulement font avancer l’enquête, mais peuvent, à long terme, aboutir à une amélioration des conditions de vie des personnages qui vous entourent.  

Le jeu vous propose de céder à vos plus bas instincts, il vous promet même le salut pour vous et le reste du monde si vous y cédez. En revanche, il vous fait payer cher le fait d’être un enfant sage qui veut traverser dans les clous et marcher sous la lumière électrique. 

L’univers ne fait rien pour se rendre intéressant. Vous devez choisir de votre plein gré de digresser de votre enquête pour faire des tâches secondaires n’ayant rien à voir pour réaliser combien il est intéressant. Le scénario ne se livre pas. Il vous faut faire ces digressions pour en comprendre des aspects qui vous échapperont si vous vous contentez de faire la quête principale. 

Surtout, le jeu vous dresse un portrait peu flatteur de l’humanité. Les personnages les plus sympathiques que vous rencontrez sont ceux qui sont prisonniers de leur travers malgré eux, des femmes qui sortent fatalement avec les mauvaises personnes, des enfants accros à la drogue, des policiers incapables de la moindre compassion... La majorité des autres seront des assassins, des voleurs, des trafiquants de drogue, des fascistes, des fonctionnaires bornés ou des mafiosos. Et, encore une fois, vous n’avez pas le choix d’être meilleur. Vous ne pouvez choisir qu’entre la bêtise et la méchanceté. Et c’est uniquement en étant bête ou méchant que vous faites du bien autour de vous. Comme s’il fallait accepter que l’humanité est mauvaise, et accepter que ce soit sa mauvaiseté qui lui vaille le salut final. 

C’est bien beau, tout ça, mais je ne suis pas d’accord. Je peux encore affirmer “je fus meilleure que cet homme-là, je fus meilleure que tous ces hommes-là, meilleure que ces mafiosos qui condamnent les enfants de leur quartier à sniffer de la drogue et obligent les policiers qui découvrent un homme en train de mourir d’overdose dans un appartement à le laisser sur place faute d’infrastructure pour l’accueillir.” Je ne crois pas que l’humanité soit aussi effroyable que le décrit Disco Elysium, et je ne crois pas à la nécessité d’accepter cette effroyabilité pour que l’humanité s’en sorte. 

On m’affirme que ce n’est pas le message que le jeu cherche à me donner. Qu’en me montrant l’humanité si imparfaite, on essaye de me faire comprendre que ce n’est pas grave d’être imparfait. Je suis dubitative. L’imperfection du héros a peut-être des conséquences positives, mais la négativité des actions des méchants est plus grande que la positivité des actions du héros. 

Malgré tout, ce jeu m’a remuée, profondément remuée, et même si je ne suis pas d’accord avec la conclusion à laquelle il semble pouvoir m’amener, il m’a fait vivre quelque chose d’unique que je n’oublierai pas. 

Je ne prétendrai pas avoir compris tout ce qu’il cherche à me dire. Je ne prétendrai pas en avoir compris la moitié. Je sais juste qu’il a constitué une expérience inoubliable qu’il fallait que je vive, que je connaisse.

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24 juin 2023 6 24 /06 /juin /2023 12:27

J’ai vu The Flash… Et c’était bien.

Non, je n’ai pas été payée pour dire ça, et non, je ne dis pas ça pour dire le contraire de tout le monde, c’était réellement bien. Bien avec quelques bémols, mais bien quand même.

Débarrassons-nous d'abord du premier sujet qui fâche.

Le comics dont le film "The Flash" est adapté, "Flashpoint" est une très bonne histoire... Tant qu'on ne sait pas que l'objectif est de déclencher un reboot de tout l'univers DC. Reconnaissons-le une bonne fois pour toute. Ces histoires de voyages dans le temps qui bouleversent la réalité ne sont esthétiques que si, à la fin, la continuité est restaurée telle quelle. Ça devient une bien moins bonne histoire quand le but est de tout changer, histoire de rebooter son univers de comics, ou de justifier que deux des acteurs principaux changent dans sa série de film (alors même qu’on pouvait changer les acteurs principaux tout en prétendant que c’était les mêmes personnages, franchement, « Docteur Quinn, femme médecin » s’est pas gênée pour remplacer l’actrice blonde de Coleen par une actrice brune en plein milieu de la série).

Débarrassons-nous ensuite du deuxième sujet qui fâche.

L'humour de Dragon Ball, je l'aime beaucoup. Dans Dragon Ball. Ça n'a rien à faire dans un film live, à fortiori un film touchant et tragique qui parle de sacrifices et de volonté, de sens des responsabilités, de courage, d'altruisme, d'héritage, et de comprendre la mesure d'un vrai héros. Les gags ne sont pas là pour rendre les personnages vivants et développer des interactions touchantes entre eux, comme dans Justice League , la version cinéma. Ils sont juste… Là. Sans nécessité aucune. Ce qu’ils disent pourrait être dit sur un ton plus sérieux, l’enrobage humoristique n’apporte aucune plus-value. Je ne sais pas pourquoi ils sont sont aussi lourdingues, aussi proéminents, mais il faut bien admettre que c'est un défaut objectif du film. Par bonheur, ils sont aussi bénins. Ils n'humilient vraiment aucun des personnages, et n'empêchent en rien l'intrigue sérieuse d'exister. On peut donc, sans trop d'effort, les ignorer et se concentrer sur le fond.

Le fond du film est beau. Juste beau. Scénaristiquement, s’entend. Je sais que les visuels ne font pas l’unanimité. Personnellement, j’ai bien aimé le style graphique. La qualité des effets spéciaux ne m’a pas dérangée, et les différents choix graphiques comme la proéminence des éclairs, l’aspect de la force véloce ou du Chronobol (=pour les non lecteurs de comics, l’aspect que ça a quand Flash court assez vite pour remonter le temps), la séquence en CGI psychédélique et peut-être un peu longue vers la fin quand on aperçoit le reste du multivers,sincèrement, j’ai bien aimé. Je conçois qu’on trouve ça over the top et kitch, mais c’est justement ce coté kitch assumé qui m’a permis d’entrer dans le film. Je n’ai pas besoin que mon histoire de voyage dans le temps et de multivers soit dessinée de façon réaliste. J’ai besoin qu’il y ai plein de lumières, de couleurs. Et pour ce qui est des lumières et des couleurs, on est servi.

Mais j’en reviens à mon propos : le film est scénaristiquement beau. Ok, on atteint pas la qualité d'un Wonder Woman, d'un Aquaman ou d'un Justice League version cinéma; mais ça reste quand même beau.

Je résume rapidement le pitch sans en dire plus que la bande annonce. Barry Allen, le Flash, vit au jour le jour entre son boulot de super héros à la Justice League, son boulot alimentaire dans la police scientifique, et passe le reste de son temps libre à essayer de prouver l'innocence de son père, inculpé depuis une vingtaine d'année pour le meurtre de sa mère. Or donc, ce même Barry Allen, un jour qu'il court un peu plus vite que d'habitude, découvre que s'il dépasse la vitesse de la lumière, son super pouvoir lui permet de remonter le temps. Il en discute avec son ami et mentor, Batman, qui l'avertit du danger de ce pouvoir : changer des choses dans le passé, c'est faire courir beaucoup de risque à la réalité. Mais suite à une conversation anodine avec son crush, Iris West, il croit trouver un moyen d'empêcher la mort de sa mère sans que ça ait trop de conséquence sur le temps, et ni une, ni deux, le voilà qui fait son voyage temporel, change le passé, sauf qu'au retour, un mystérieux individu entièrement casqué interrompt son voyage et l'expluse à une époque antérieure à son présent... Mais suffisamment tard pour réaliser les dégâts fait sur la réalité. Effet papillon, tout ça. Les règles du temps étant ce qu'elles sont, l'action de Barry n'a pas eu de conséquence que sur les événements postérieurs au meurtre de sa mère. Elle en a aussi eu sur les événements antérieurs. On nous explique pourquoi, et ça a l'air très logique tel que c'est expliqué, mais il va quand même falloir faire un petit effort de suspension d'incrédulité pour l'accepter. Faites-le, le film le mérite. Comme prévu par Batman, les conséquences sont incommensurables. Non seulement Wonder Woman, Aquaman et Cyborg n'existe plus dans cette nouvelle époque, non seulement Superman ne semble jamais être arrivé sur terre, non seulement Batman est plus vieux et joué par Michael Keaton, mais bordel de bon sang de bois, ce n'est plus Michael J Fox qui joue dans retour vers le futur !

(Je vous avais prévenus, pour l'humour)

En outre, cette nouvelle époque à laquelle il arrive est habitée par un autre Barry, un à qui la vie n'a pas appris à avoir le sens des responsabilité, et de la valeur des choses, qui se conduit, donc, comme un vrai gamin. Parce qu'en fait, il est un gamin. Oui, Barry a atterrit à l'époque de ses 18 ans, ce qui est à la fois l'année où il a gagné ses super-pouvoirs et l'année ou Zod a tenté son invasion de la terre...

Problème, dans cette nouvelle continuité, il n'y a plus Superman pour l'arrêter... Oups !

Plus qu'à trouver, ici, dans cette réalité, des super-héros pour le remplacer et arrêter Zod.

C'est ainsi que le film se débrouille, avec beaucoup d'ingéniosité, pour être non seulement une adaptation de Flashpoint, qui donne un aperçu sur un autre univers et une autre version des personnages que nous connaissons, mais également pour être un film d'origine story nous expliquant comment ce Barry, qui a été introduit déjà actif et déjà rodé dans Justice League, a gagné super-pouvoirs, a appris à s'en servir, a développé sa personnalité...

De ce fait, ce film est un film complet. On peut le voir en ne connaissant rien à Flash, en ne connaissant pas le comics d'origine, en n'ayant pas vu les autres films de la franchise. Se passant pour l'essentiel du temps dans une réalité paralèlle, il est très autonome par rapport à la continuité, et surtout, il a une histoire à lui.

La relation que le vieux Barry développe avec le jeune Barry est touchante, et n'est pas sans rappeler la relation developpée entre Batman et Flash dans Justice League, la version cinéma. Le jeune Barry lui-même est touchant. Son caractère désinvolte et irresponsable, inspiré par le fait de n'avoir eu aucun malheur dans sa vie, est l'occasion de scènes poignantes entre lui et son autre moi vieilli venu d'une autre réalité, qui est à la fois dégoutté de découvrir ce qu’il aurait été s’il n’avait pas souffert et envieux de l’innocence de son double. Il a l'occasion de prouver que, malgré son immaturité et son manque de sagesse, il a malgré tout la volonté de bien faire, et l'ingéniosité nécessaire pour devenir rapidement le super-héros que l'autre est devenu. Surtout, c’est lui , plus jeune que son homologue, qui sera confronté aux limites qu’on doit s’imposer quand on a du pouvoir et aux sacrifice qu’il faut faire pour être un véritable héros. Et, je pense ne pas spoiler grand-chose en le disant : en dépit de son attitude désinvolte et immature pendant tout le film, il finira par faire un vrai choix de héros, d’autant plus touchant qu’il a fait pas mal d’autre choix bêtes, égoïstes, abusifs ou même maléfiques avant d’en arriver à ce stade. Tous les gags l’impliquant prendrons alors tous leurs sens.

Le Batman de cette nouvelle dimension est peut-être le grand sacrifié du film : il est très peu développé. Mais bon, c'est Batman, on connaît le personnage, à force. Il a des interactions intéressante avec Barry, qui reconnaît en lui son ami Bruce sans le reconnaître.

Le personnage de Super-girl est un peu à part dans le film. Elle a son arc personnel, qui est assez rapide, mais efficacement mis en place, et suffisamment touchant lui aussi. Et c'est sûrement le design de super-girl le plus cool qu'on ai vu au cinéma toute époque confondue.

Passons rapidement. Le sujet principal du film, c'est quand même Barry lui-même, son amour pour ses parents, son désir de les sauver, et sa vocation de héros qui est plus forte que tout le reste. Il se prend quelques gamelles parce que humour de Dragon Ball, mais il est toujours campé comme un héros compétent, digne, bon, qui mériterait tout le bonheur du monde, et avec qui ont a envie de pleurer quand on le sent obligé de faire des sacrifices.

C’est également l’occasion de vraiment explorer l’étendue de ses pouvoirs, et de découvrir à quel point c’est un héros puissant. Cheaté, peut-être, diront certain, mais on est dans une histoire où le personnage principal doit renoncer à mettre en danger le destin de l’univers tout entier pour sauver sa mère. Il FAUT que le personnage principal de ce type d’histoire soit cheaté. Donc, oui, il cours vite, passe à travers les murs, et se sert des éclairs qu’il émet quand il enclenche son pouvoir _ qui contrairement à ce qu’on pouvait croire, ne sont pas une convention graphique _ de manière offensive. Tout ça parce qu’il utilise ses pouvoirs de base, la super vitesse, avec l’ingéniosité d’un personnage de One Piece et lui trouve les applications les plus inattendues et les plus improbables (c’est pour ça qu’il faut à tout prix que les super-héros soient des scientifiques dans leur identité civile, y a que ça qui leur permet d’utiliser leur capacité de façon classe).

Lesdits pouvoirs ont été développés sur plusieurs années de publication de comics, et le film se contente de les reprendre tels quels, donc aucun mérite, mais cet aspect des choses, condensé en deux heures, rend le héros immédiatement impressionnant, immédiatement admirable, et permet d’adhérer émotionnellement au fait qu’il ait à choisir de perdre ce qui lui est cher pour ne pas mettre en danger l’univers.

Malgré la présence d’autres super aux coté du personnages principal, le titre du film se justifie. C’est bien un film Flash, sur Flash, ou Flash est mis à l’honneur et crève l’écran.

A part la structure, le film ne conserve pas grand chose du comics dont il est inspiré, en tout cas, il n’en adapte pas l’univers et les vrais fans pourront éventuellement le lui reprocher. Certains choix nous privent de scènes très belles du comics (comme celle de la lettre, pour ceux qui savent de quoi je parle) mais on en gagne suffisamment de belles autres au change.

Encore une fois, il n'y a qu'un vrai bémol, c'est la proéminence de l'humour, inutile et très mal placé dans un film qui devrait être une tragédie épique et émouvante. Par bonheur, cet humour ne sabote pas l'histoire, et si on s'y habitue suffisamment, on peut même rire à certains gags (J'ai bien aimé le caméo de Nicolas Cage.).

En outre, une proportion non négligeable de gags véhiculent un message meilleur que le gag lui-même. La méthode pédagogique employée pour expliquer en quoi changer un élément du passé a des conséquences autant sur les événements d’avant que d’après est un gag, mais elle l’avantage de présenter de manière immédiatement compréhensible le raisonnement qui permet d’accepter ces règles de fonctionnement du temps. L’explication donnée dans le comics était moins convaincante, et je ne parle pas de comment c'est présenté dans Endgame. B+ pour l’effort. La scène de sauvetage qui sert d’introduction au film est également un gag, mais c’est tout de même l’occasion de voir que Flash est un héros compétent, qui se sert de ses pouvoirs de manière ingénieuse pour sauver les innocents d’une situations inextricables. Je ne vais pas m’en plaindre : ces temps ci, les films manquent vraiment de vrais héros qui sauvent les civils parce que c’est ce que font les héros. Le fait que Flash conseille à la victime à la fin du sauvetage d’aller consulter une cellule psychologique est censé être un gag, mais cela permet de camper Barry comme quelqu’un de réellement empathique et soucieux du salut à long terme des personnes qu’il sauvent. Plusieurs autres gags ont un double sens de ce style qui fait qu’on peut se dire qu’ils sont peut-être un peu faiblards en tant que gags, mais qu’ils sont tout de même intéressants en tant qu’élément du scénario.

Alors ok, c'est peut-être un peu exagéré de la part des affiches de dire que " The Flash nous rappelle pourquoi on va au cinéma". Mais tout de même, quitte à mettre fin à la franchise à laquelle appartiennent Wonder Woman, Aquaman et Justice League, la version ciné, ce film là n'est pas une trop mauvaise conclusion.

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25 avril 2022 1 25 /04 /avril /2022 21:50

Avec des chansons, ce film aurait été parfait. Bon, il serait resté les deux trois éléments un peu cartoonesques, comme le chara design des dragons, et le bébé badass façon Razmoket, qui détonnent un peu dans l’ambiance générale du film. Mais à part ça, il aurait été parfait.
Disney a cette tendance, ces dernier temps, à ne pas arriver à concilier les deux, soit il y a un tas de chansons magnifiques, soit il y a une bonne histoire, mais jamais les deux à la fois. Dans Raya, on était prévenus, il n’y avait pas de chanson, donc on pouvait espérer une bonne histoire. On en a une. Et pas que…

Parce qu’avant toute chose, ce qui est magnifique dans Raya, c’est son visuel. C’est du Final Fantasy. Les décors sont superbes, la texture de la peau des personnages est d’un réalisme frappant, et l’animation… Bon, mon avis sur l’animation ne compte peut-être pas, parce que je passe ma vie à lire des critiques acerbes sur des animations que j’avais trouvées tout à fait correctes. Mais personnellement, j’ai trouvé l’animation époustouflante. Le tout porté par une ambiance musicale tout à fait à la hauteur, en dépit de l’absence de chanson.

Mais vous me connaissez assez pour savoir que je ne me contente pas de beaux visuels. Cette performance technique n’est pas juste là pour faire jolie, elle sert à nous raconter l’histoire de Raya, héroïne entre les héroïnes, intelligente, agile, excellente combattante, déterminée, sage, bref, à l’image de son film, par-faite. A l’âge de 10 ans – je suppose, c’est pas vraiment précisé –, Raya, princesse de son état, doit participer à un événement diplomatique, organisé par son souverain de père, qui, inquiet des guerres incessantes qui secouent le monde – enfin, le monde connu par les personnages, un pays construit autour d’un fleuve en forme de dragon, mais j’arrête de digresser – , souhaite amorcer des négociations pour conduire à une paix mondiale définitive. Au cours de cet événement, Raya se rapproche de la princesse d’un autre pays, avec qui elle semble avoir beaucoup de choses en commun, et qui, en gage d’amitié, décide de lui faire don de son bijou préféré. N’ayant pas de cadeau à lui faire en retour, Raya décide, en remerciement, de permettre à sa nouvelle amie de contempler l’artefact gardé par le peuple de Raya depuis des générations : la perle du dernier dragon, dont la magie préserve le monde d’un mal impitoyable qui transforme en pierre tout ce qu’il touche et n’est arrêté que par l’eau. Elle est donc heureuse, Raya, de permettre à sa nouvelle amie de voir ce précieux trésor. Malheureusement, cette amie ne s’était rapprochée d’elle que dans ce but-là, et sitôt dans la chambre du précieux artefact, elle lance un signal à son armée pour qu’elle vienne s’emparer du trésor. Raya et son père résistent, les représentants des autres nations s’en mêlent, s’ensuit une bagarre, un faux mouvement, et la perle du dernier dragon tombe à terre et se brise en cinq morceaux. Le mal que le pouvoir de cette perle écartait jusqu’alors jaillit du sol, et commence à changer les gens en pierre. Découvrant que les fragments de la perle repoussent l’entité, les chefs des cinq nations s’emparent chacun d’un morceau et s’empressent de fuir. Blessé à la jambe, le père de Raya, pour ne pas ralentir sa fille, se laisse volontairement changer en pierre après l’avoir poussée dans le fleuve, les eaux de celui-ci pouvant la protéger.

Rongée de culpabilité, blessée par la trahison de celle avec qui elle s’était brièvement liée d’amitié, Raya passe les six années suivantes à parcourir le monde dévasté, désormais presque exclusivement peuplé de statues, pour chercher le dernier dragon, seule créature capable de réparer la perle, et qui, selon une vieille légende à laquelle plus personne ne croit, dort encore quelque part à la source d’un fleuve…

Ce qui est magnifique là-dedans, c’est que l’enjeu de l’histoire et la mission du dragon que – spoiler, s’il en est – Raya va bien réussir à trouver,  va être de démontrer que, même si ça a mal tourné, Raya n’a pas eu tort de faire confiance, qu’à long terme, il est important de faire confiance, de faire le premier pas, même si le risque est grand d’être trahi. Parce que la méfiance et la vigilance permettent de survivre à court terme mais condamnent le monde à long terme.

Alors bon, un tas de détails de cet univers, et du fonctionnement de la magie dans celui-ci auraient gagnés à être plus explicites. Cette histoire aurait sans doute mérité d’être une série de 13 épisodes. Mais autant, dans le cas d’Atlantide l’Empire perdu, les détails manquants et les événements un peu trop rapides étaient un vrai manque, autant ici, c’est tout au plus une vague réflexion qu’on se fait en cours de visionnage. L’histoire est tellement captivante que même l’introduction du bébé badass de cartoon ne suffit pas à en faire décrocher, alors les détails manquants, vous pensez… Les éléments essentiels sont donnés et l’émotion est là. Je pense que si je n’avais pas regardé avec al., j’y serai allée de ma petite larme à la fin, tant elle est magnifique.

Je crois que ce film n’a rien à envier aux meilleurs Disney. A part leurs chansons.
Ah, si seulement il y avait eu des chansons…

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