J’ai vu The Flash… Et c’était bien.
Non, je n’ai pas été payée pour dire ça, et non, je ne dis pas ça pour dire le contraire de tout le monde, c’était réellement bien. Bien avec quelques bémols, mais bien quand même.
Débarrassons-nous d'abord du premier sujet qui fâche.
Le comics dont le film "The Flash" est adapté, "Flashpoint" est une très bonne histoire... Tant qu'on ne sait pas que l'objectif est de déclencher un reboot de tout l'univers DC. Reconnaissons-le une bonne fois pour toute. Ces histoires de voyages dans le temps qui bouleversent la réalité ne sont esthétiques que si, à la fin, la continuité est restaurée telle quelle. Ça devient une bien moins bonne histoire quand le but est de tout changer, histoire de rebooter son univers de comics, ou de justifier que deux des acteurs principaux changent dans sa série de film (alors même qu’on pouvait changer les acteurs principaux tout en prétendant que c’était les mêmes personnages, franchement, « Docteur Quinn, femme médecin » s’est pas gênée pour remplacer l’actrice blonde de Coleen par une actrice brune en plein milieu de la série).
Débarrassons-nous ensuite du deuxième sujet qui fâche.
L'humour de Dragon Ball, je l'aime beaucoup. Dans Dragon Ball. Ça n'a rien à faire dans un film live, à fortiori un film touchant et tragique qui parle de sacrifices et de volonté, de sens des responsabilités, de courage, d'altruisme, d'héritage, et de comprendre la mesure d'un vrai héros. Les gags ne sont pas là pour rendre les personnages vivants et développer des interactions touchantes entre eux, comme dans Justice League , la version cinéma. Ils sont juste… Là. Sans nécessité aucune. Ce qu’ils disent pourrait être dit sur un ton plus sérieux, l’enrobage humoristique n’apporte aucune plus-value. Je ne sais pas pourquoi ils sont sont aussi lourdingues, aussi proéminents, mais il faut bien admettre que c'est un défaut objectif du film. Par bonheur, ils sont aussi bénins. Ils n'humilient vraiment aucun des personnages, et n'empêchent en rien l'intrigue sérieuse d'exister. On peut donc, sans trop d'effort, les ignorer et se concentrer sur le fond.
Le fond du film est beau. Juste beau. Scénaristiquement, s’entend. Je sais que les visuels ne font pas l’unanimité. Personnellement, j’ai bien aimé le style graphique. La qualité des effets spéciaux ne m’a pas dérangée, et les différents choix graphiques comme la proéminence des éclairs, l’aspect de la force véloce ou du Chronobol (=pour les non lecteurs de comics, l’aspect que ça a quand Flash court assez vite pour remonter le temps), la séquence en CGI psychédélique et peut-être un peu longue vers la fin quand on aperçoit le reste du multivers,sincèrement, j’ai bien aimé. Je conçois qu’on trouve ça over the top et kitch, mais c’est justement ce coté kitch assumé qui m’a permis d’entrer dans le film. Je n’ai pas besoin que mon histoire de voyage dans le temps et de multivers soit dessinée de façon réaliste. J’ai besoin qu’il y ai plein de lumières, de couleurs. Et pour ce qui est des lumières et des couleurs, on est servi.
Mais j’en reviens à mon propos : le film est scénaristiquement beau. Ok, on atteint pas la qualité d'un Wonder Woman, d'un Aquaman ou d'un Justice League version cinéma; mais ça reste quand même beau.
Je résume rapidement le pitch sans en dire plus que la bande annonce. Barry Allen, le Flash, vit au jour le jour entre son boulot de super héros à la Justice League, son boulot alimentaire dans la police scientifique, et passe le reste de son temps libre à essayer de prouver l'innocence de son père, inculpé depuis une vingtaine d'année pour le meurtre de sa mère. Or donc, ce même Barry Allen, un jour qu'il court un peu plus vite que d'habitude, découvre que s'il dépasse la vitesse de la lumière, son super pouvoir lui permet de remonter le temps. Il en discute avec son ami et mentor, Batman, qui l'avertit du danger de ce pouvoir : changer des choses dans le passé, c'est faire courir beaucoup de risque à la réalité. Mais suite à une conversation anodine avec son crush, Iris West, il croit trouver un moyen d'empêcher la mort de sa mère sans que ça ait trop de conséquence sur le temps, et ni une, ni deux, le voilà qui fait son voyage temporel, change le passé, sauf qu'au retour, un mystérieux individu entièrement casqué interrompt son voyage et l'expluse à une époque antérieure à son présent... Mais suffisamment tard pour réaliser les dégâts fait sur la réalité. Effet papillon, tout ça. Les règles du temps étant ce qu'elles sont, l'action de Barry n'a pas eu de conséquence que sur les événements postérieurs au meurtre de sa mère. Elle en a aussi eu sur les événements antérieurs. On nous explique pourquoi, et ça a l'air très logique tel que c'est expliqué, mais il va quand même falloir faire un petit effort de suspension d'incrédulité pour l'accepter. Faites-le, le film le mérite. Comme prévu par Batman, les conséquences sont incommensurables. Non seulement Wonder Woman, Aquaman et Cyborg n'existe plus dans cette nouvelle époque, non seulement Superman ne semble jamais être arrivé sur terre, non seulement Batman est plus vieux et joué par Michael Keaton, mais bordel de bon sang de bois, ce n'est plus Michael J Fox qui joue dans retour vers le futur !
(Je vous avais prévenus, pour l'humour)
En outre, cette nouvelle époque à laquelle il arrive est habitée par un autre Barry, un à qui la vie n'a pas appris à avoir le sens des responsabilité, et de la valeur des choses, qui se conduit, donc, comme un vrai gamin. Parce qu'en fait, il est un gamin. Oui, Barry a atterrit à l'époque de ses 18 ans, ce qui est à la fois l'année où il a gagné ses super-pouvoirs et l'année ou Zod a tenté son invasion de la terre...
Problème, dans cette nouvelle continuité, il n'y a plus Superman pour l'arrêter... Oups !
Plus qu'à trouver, ici, dans cette réalité, des super-héros pour le remplacer et arrêter Zod.
C'est ainsi que le film se débrouille, avec beaucoup d'ingéniosité, pour être non seulement une adaptation de Flashpoint, qui donne un aperçu sur un autre univers et une autre version des personnages que nous connaissons, mais également pour être un film d'origine story nous expliquant comment ce Barry, qui a été introduit déjà actif et déjà rodé dans Justice League, a gagné super-pouvoirs, a appris à s'en servir, a développé sa personnalité...
De ce fait, ce film est un film complet. On peut le voir en ne connaissant rien à Flash, en ne connaissant pas le comics d'origine, en n'ayant pas vu les autres films de la franchise. Se passant pour l'essentiel du temps dans une réalité paralèlle, il est très autonome par rapport à la continuité, et surtout, il a une histoire à lui.
La relation que le vieux Barry développe avec le jeune Barry est touchante, et n'est pas sans rappeler la relation developpée entre Batman et Flash dans Justice League, la version cinéma. Le jeune Barry lui-même est touchant. Son caractère désinvolte et irresponsable, inspiré par le fait de n'avoir eu aucun malheur dans sa vie, est l'occasion de scènes poignantes entre lui et son autre moi vieilli venu d'une autre réalité, qui est à la fois dégoutté de découvrir ce qu’il aurait été s’il n’avait pas souffert et envieux de l’innocence de son double. Il a l'occasion de prouver que, malgré son immaturité et son manque de sagesse, il a malgré tout la volonté de bien faire, et l'ingéniosité nécessaire pour devenir rapidement le super-héros que l'autre est devenu. Surtout, c’est lui , plus jeune que son homologue, qui sera confronté aux limites qu’on doit s’imposer quand on a du pouvoir et aux sacrifice qu’il faut faire pour être un véritable héros. Et, je pense ne pas spoiler grand-chose en le disant : en dépit de son attitude désinvolte et immature pendant tout le film, il finira par faire un vrai choix de héros, d’autant plus touchant qu’il a fait pas mal d’autre choix bêtes, égoïstes, abusifs ou même maléfiques avant d’en arriver à ce stade. Tous les gags l’impliquant prendrons alors tous leurs sens.
Le Batman de cette nouvelle dimension est peut-être le grand sacrifié du film : il est très peu développé. Mais bon, c'est Batman, on connaît le personnage, à force. Il a des interactions intéressante avec Barry, qui reconnaît en lui son ami Bruce sans le reconnaître.
Le personnage de Super-girl est un peu à part dans le film. Elle a son arc personnel, qui est assez rapide, mais efficacement mis en place, et suffisamment touchant lui aussi. Et c'est sûrement le design de super-girl le plus cool qu'on ai vu au cinéma toute époque confondue.
Passons rapidement. Le sujet principal du film, c'est quand même Barry lui-même, son amour pour ses parents, son désir de les sauver, et sa vocation de héros qui est plus forte que tout le reste. Il se prend quelques gamelles parce que humour de Dragon Ball, mais il est toujours campé comme un héros compétent, digne, bon, qui mériterait tout le bonheur du monde, et avec qui ont a envie de pleurer quand on le sent obligé de faire des sacrifices.
C’est également l’occasion de vraiment explorer l’étendue de ses pouvoirs, et de découvrir à quel point c’est un héros puissant. Cheaté, peut-être, diront certain, mais on est dans une histoire où le personnage principal doit renoncer à mettre en danger le destin de l’univers tout entier pour sauver sa mère. Il FAUT que le personnage principal de ce type d’histoire soit cheaté. Donc, oui, il cours vite, passe à travers les murs, et se sert des éclairs qu’il émet quand il enclenche son pouvoir _ qui contrairement à ce qu’on pouvait croire, ne sont pas une convention graphique _ de manière offensive. Tout ça parce qu’il utilise ses pouvoirs de base, la super vitesse, avec l’ingéniosité d’un personnage de One Piece et lui trouve les applications les plus inattendues et les plus improbables (c’est pour ça qu’il faut à tout prix que les super-héros soient des scientifiques dans leur identité civile, y a que ça qui leur permet d’utiliser leur capacité de façon classe).
Lesdits pouvoirs ont été développés sur plusieurs années de publication de comics, et le film se contente de les reprendre tels quels, donc aucun mérite, mais cet aspect des choses, condensé en deux heures, rend le héros immédiatement impressionnant, immédiatement admirable, et permet d’adhérer émotionnellement au fait qu’il ait à choisir de perdre ce qui lui est cher pour ne pas mettre en danger l’univers.
Malgré la présence d’autres super aux coté du personnages principal, le titre du film se justifie. C’est bien un film Flash, sur Flash, ou Flash est mis à l’honneur et crève l’écran.
A part la structure, le film ne conserve pas grand chose du comics dont il est inspiré, en tout cas, il n’en adapte pas l’univers et les vrais fans pourront éventuellement le lui reprocher. Certains choix nous privent de scènes très belles du comics (comme celle de la lettre, pour ceux qui savent de quoi je parle) mais on en gagne suffisamment de belles autres au change.
Encore une fois, il n'y a qu'un vrai bémol, c'est la proéminence de l'humour, inutile et très mal placé dans un film qui devrait être une tragédie épique et émouvante. Par bonheur, cet humour ne sabote pas l'histoire, et si on s'y habitue suffisamment, on peut même rire à certains gags (J'ai bien aimé le caméo de Nicolas Cage.).
En outre, une proportion non négligeable de gags véhiculent un message meilleur que le gag lui-même. La méthode pédagogique employée pour expliquer en quoi changer un élément du passé a des conséquences autant sur les événements d’avant que d’après est un gag, mais elle l’avantage de présenter de manière immédiatement compréhensible le raisonnement qui permet d’accepter ces règles de fonctionnement du temps. L’explication donnée dans le comics était moins convaincante, et je ne parle pas de comment c'est présenté dans Endgame. B+ pour l’effort. La scène de sauvetage qui sert d’introduction au film est également un gag, mais c’est tout de même l’occasion de voir que Flash est un héros compétent, qui se sert de ses pouvoirs de manière ingénieuse pour sauver les innocents d’une situations inextricables. Je ne vais pas m’en plaindre : ces temps ci, les films manquent vraiment de vrais héros qui sauvent les civils parce que c’est ce que font les héros. Le fait que Flash conseille à la victime à la fin du sauvetage d’aller consulter une cellule psychologique est censé être un gag, mais cela permet de camper Barry comme quelqu’un de réellement empathique et soucieux du salut à long terme des personnes qu’il sauvent. Plusieurs autres gags ont un double sens de ce style qui fait qu’on peut se dire qu’ils sont peut-être un peu faiblards en tant que gags, mais qu’ils sont tout de même intéressants en tant qu’élément du scénario.
Alors ok, c'est peut-être un peu exagéré de la part des affiches de dire que " The Flash nous rappelle pourquoi on va au cinéma". Mais tout de même, quitte à mettre fin à la franchise à laquelle appartiennent Wonder Woman, Aquaman et Justice League, la version ciné, ce film là n'est pas une trop mauvaise conclusion.