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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 17:43

Pour l’anecdote, je travaille en ce moment comme opératrice de saisie dans une petite structure. Il y a quelques temps, mon patron, un homme d’un certain âge, m’explique une procédure pour numériser toute une pile de documents qui prend la poussière depuis une plombe. Avant de les mettre dans le scanner, je dois les dégrafer, ce qui n’est pas une mince affaire, parce que des agrafes, il y en a à la pelle, parfois trois sur la même liasse de papier.

« Hé, oui, rigole mon patron, il y en a des agrafes

— Au temps pour le développement durable », maugréé-je.

Cri de terreur de mon patron :

« Vous êtes écologiste ? »

Il me regarde avec un effroi non feint.

Je me surprends à me demander ce qui est le pire. Que le terme « écologiste » suscite une telle peur chez cet homme, ou que je comprenne parfaitement le pourquoi de cette peur. Je le comprends parfaitement parce que j’ai vu la série « Il était une fois notre Terre »

Imaginez que vous êtes arrêté à un feu rouge, sur la route qui mène de votre domicile à votre boulot (ou l’inverse) et que deux gamins boutonneux viennent soudain taper à votre vitre pour vous parler de covoiturage.

« Excusez-moi, Monsieur, mais pourquoi êtes-vous seul dans votre voiture ? »

Parce que je suis seul dans ma vie et je t’emmerde, gamin ! Mais non, vous ne dites rien, car vous êtes quelqu’un de poli et raisonnable.

« Vous réchauffez la planète que vous laisserez à vos enfants »

Sauf que j’ai pas d’enfant, je suis un pauvre gars tout seul. Mais vous êtes toujours poli et raisonnable, contrairement aux deux petits cons qui vous parlent, alors vous continuez à sourire et à écouter poliment.

Et les deux boutonneux, sans se laisser démonter, de vous expliquer avec le sourire que vous êtes un incroyable salaud et qu’il faut que vous changiez, qu’ils savent, bien que vous ne vous soyez pas encore exprimé, que vous n’en avez pas l’intention et que vous n’en êtes que plus salaud, mais qu’il faut que vous le fassiez.

C’est exactement ce qui se passe dans « Il était une fois notre Terre ». Plus exactement c’est exactement ce que « il était une fois notre terre » demande à ses jeunes spectateur d’adopter comme attitude. Tout en les culpabilisant, en leur expliquant combien leur existence est un gâchis d’énergie, combien les efforts qu’ils fournissent déjà sont insuffisants, et tout en ajoutant que ces efforts, malgré tout, ils doivent les faire, sinon ils sont méchants, méchants, méchants.

Et le souci, c’est que ce n’est pas que dans « Il était une fois notre Terre ». Il y a réellement des gens qui pensent convaincre les passants en faisant comme ça. Et ces gens sont ceux qui ont convaincu mon patron de ne pas imposer de règles à ses employés concernant le nombre d’agrafes à utiliser, et à fuir toute remarque en ce sens.

Car voyez-vous, cet homme est la victime du dogmillumilitantisme (©Tchoucky-2014), un mal méconnu de notre XXIème siècle.

Voyez-vous, le XXème siècle a été le siècle des grandes leçons. La succession d’horreurs et de drames qui l’ont marqué ont amené l’humanité à se poser des questions importantes sur ses responsabilités, son avenir, et les valeurs viables et non viables pour l’espèce humaine. Chaque individu a son parcours personnel, chaque pays aussi, mais à l’échelle mondiale, des mesures ont été mises en place, et la culture des grandes valeurs s’est généralisée. La fin du vingtième siècle a été la période du pacifisme, de l’écologie, de l’égalité en dépit du sexe, de la couleur et de l’orientation sexuelle, de la liberté d’expression, et de la protection de l’enfance. Attention, pas partout, pas parfaitement, mais en tout cas, le mouvement était en marche, et, dans l’imagerie populaire, ces valeurs étaient les bonnes.

C’est là, je pense, qu’est né le dogmillumilitantisme.

Des gens qui voulaient être vus comme des gens bien ont appris que ces valeurs étaient les bonnes et ont décidé que puisqu’elles étaient les bonnes, elles allaient être les leurs. Ils ne se sont pas demandé pourquoi elles étaient les bonnes, ils n’ont pas vraiment cherché à comprendre quelles elles étaient, mais ils ont décidé de se battre pour cette cause. Le problème, c’est que là où ils étaient, il n’y avait pas d’odieux dragons menaçant ces valeurs, pas d’occasion de se couvrir de gloire. Alors ils ont trouvé une solution. Ils ont inventé les dragons. Ils ont avisé le premier passant qui passait (parce qu’un passant, ça passe), ils ont sorti leurs épées, leurs arcs, leurs flèches, et ils ont fondu sur lui en criant « Taïau, taïau, un dragon ». Tout le monde les a félicités pour leur haut fait, et ils ont recommencé avec le passant suivant.

A force, les passants en ont eu marre, et ils ont décidé que ces grandes valeurs qui avaient fait la fin du vingtième siècle, elles n’étaient pas si grandes que ça, et que de toute façon, elle rendait les gens cons. D’autres ont continué à croire en ces valeurs mais, à force d’entendre crier au loup quand il n’y a pas de loup, ils n’ont plus cru aux loups, et il a été impossible de les convaincre de s’opposer aux injustices qui elles, existent réellement ; ils ont décidé que ces injustices n’existaient pas puisque la majeure partie du temps, quand on dénonce une injustice, on l’a inventée de toutes pièces pour se faire mousser.

Et on s’est retrouvé avec un retour en force des idéologies antédiluviennes, du nationalisme, de l’homophobie, de l’amour de la guerre… Dans l’indifférence générale du reste du monde.

J’exagère ? Internet en est plein, de ces bien pensants qui ont décidé que tu étais un salaud, oui, toi, peu importe qui tu es, ce que tu as fait, et quelle est ta bonne volonté ; tu es un salaud, je le sais, je sais mieux que toi, point. Ils font des sites, des blogs, ils parlent sur les forums, et comme ils sont les seuls à parler de ces sujets qui sont censés tomber plus ou moins sous le sens depuis plus de dix ans, on n’entend qu’eux sur lesdits sujets, et on oublie ce que lesdits sujets sont.

Et jamais il n’y a eu autant de retour en arrière sur ses valeurs que depuis que ces metteurs en scène du domaine de réalisation des idéologies ont la parole grâce à Internet.

C’est à cause de ça que j’adore regarder South Park. (Terminé la saison 6, je passe à la saison 7, encore pas mal de visionnage en perspective.)

La série South Park, en tout cas ses quatre premières saisons, a été construite en réaction à ce phénomène, ce dogmillumilitantisme omniprésent. J’avoue que je ne m’y attendais pas, avant de la regarder, mais c’est exactement ça.

Si on ne fait pas attention, on pourrait croire de cette série, comme de la plupart des victimes de nos chasseurs de dragons imaginaires, qu’elle a simplement décidé de dénigrer les grandes valeurs de la fin de XXème siècle, mais non. Jamais, ou quasiment jamais, ces valeurs ne sont remises en question. (pour l’écologie, je suis pas sûre, mais pour toutes les autres, je suis affirmative, elles ne sont pas remises en question) Seul le comportement de leurs faux défenseurs est la cible de la satire. Et cette satire est plus poussée que dans les Simpson. En même temps, la série est plus optimiste que Daria. Il est toujours possible de faire comprendre aux gens qu’ils se conduisent comme des cons. Et pour autant, ça ne se passe pas de façon trop difficile à croire. Ce n’est jamais celui qui a le comportement problématique qui réalise que ce comportement est problématique, c’est celui qui le subit. Il partage sa conclusion avec le reste du monde à la fin de l’épisode. Et cette conclusion porte toujours sur le comportement quotidien des gens, jamais sur les grandes valeurs. En fait, la question des grandes valeurs n’est pas traitée. Du tout. Ce sont les grandes absentes de la série. Je pense que pour les auteurs, ces grandes valeurs tombent tellement sous le sens que ce serait les insulter que de vouloir rappeler pourquoi ce sont les bonnes.

Pourtant, on observe qu’il serait bon de le réexpliquer. Tout le monde ne l’a vraisemblablement pas compris. En tout cas pas sur Internet.

J’ai été témoin de tentatives de dialogue avec ces fanatiques. Evidemment, il n’est pas facile de dire diplomatiquement à quelqu’un : « Votre conduite met en danger les valeurs que vous dites vouloir défendre. Arrêtez. Un public non averti qui tombe sur vos délires paranoïaques ne peut qu’en conclure que la valeur que vous défendez est aussi ridicule que vous. » Pourtant, j’ai vu des gens essayer. C’est génial, Internet, on peut vraiment tout y voir. Je les ai vus déployer des trésors de patience et d’éloquence pour ramener en douceur ces illuminés à la raison. Et j’ai vu les illuminés répondre à un discours qu’il n’avait pas tenus, à des mots qu’ils n’avaient pas prononcés. « Taïau, un dragon ! Je suis tellement génial de trucider tant de dragons tous les jours ». Pourtant, je vous jure, l’autre avait fait un véritable effort pour se faire comprendre, pour ne pas agresser, pour démontrer raisonnablement que les dragons n’existent pas. Que les lenteurs et les imperfections existent toujours, ne se sont pas résorbées aussi vite qu’il le faudrait, mais que malgré tout, les dragons n’existent pas.

Et pendant ce temps-là, des gens comme mon patron se persuadent qu’il faut fuir ces grandes valeurs, qu’elles sont nocives, qu’elles font voir des dragons là où il n’y en a pas. Il faut que ça s’arrête. Maintenant. Parce qu’à force, les dragons vont effectivement renaître, de vrais dragons ceux-là, que les fanatiques ne verront pas, ou ne voudront pas voir, parce qu’il ne suffira pas de quelques mots assassins pour les pourfendre. Et il n’y aura personne pour combattre ces dragons.

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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 10:39

(Oui, désolée pour les majuscules dans le titre, mais mon blog veut pas faire autrement)

 

Messieurs,

J’ai, par hasard, et grâce à l’accessibilité universelle que nous offre Internet, pris connaissance de l’article qui vous a été adressé, le 19 février, par une blogueuse que je ne connais pas, et qui a peut-être, indépendamment de ça, écrit un tas de choses très intelligentes et intéressantes, bref, une blogueuse dont je ne peux pas juger la personne au regard d’un seul article. J’ignore quelle a été votre réaction à cette lecture, mais la mienne est de vous adresser un autre message. Même si j’approuve certains détails de l’article, je suis en désaccord avec son contenu général, avec ce qui me semble être l’état d’esprit qui a dicté cet article, et la philosophie générale qui me semble s’en dégager. C’est pourquoi, messieurs, je vous offre ma propre réponse à la question « que doit faire un homme quand il veut aider la cause féministe ?».

Petite précision sur les termes : pour moi, le féminisme, c’est militer pour l’égalité des sexes. Ca implique qu’on rejette toute discrimination envers les femmes COMME toute discrimination envers les hommes. La blague « combien d’hommes faut-il pour changer une ampoule ? » vaut autant que la blague « combien de femmes faut-il pour changer une ampoule ? » du point de vue du sexisme. On tolère les deux, on n’en tolère aucune, ou on juge en fonction du contexte dans laquelle elles ont été dites, mais on ne tolère pas envers un sexe des comportements qu’on refuserait envers l’autre.

Ceci étant posé, voici ma position quant à votre féminisme, messieurs.

A partir du moment où vous vous posez la question de ce que vous pouvez faire pour aider la cause féministe, vous êtes déjà féministe. En fait, vous l’étiez même avant. Vous l’étiez à partir du moment où vous avez eu le réflexe de défendre les compétences de votre collègue femme devant le supérieur qui les remettait en question juste parce que c’était une femme. En le faisant, vous ne vous êtes pas dit que vous étiez féministe, vous ne l’avez pas défendue parce que c’est une femme, vous avez juste assisté à une injustice et vous avez eu le réflexe de protester. Vous l’auriez fait aussi si elle avait été noire, ou si elle avait été un tatou à pois bleus. Vous ne l’avez même pas défendue en pensant qu’elle ne saurait pas le faire toute seule, vous ne vous êtes même pas posé la question de si elle saurait le faire toute seule. Vous avez vu l’injustice, vous ne l’avez pas supporté, vous avez pris la parole. Le féminisme, c’est juste ça.

Vous étiez même féministe encore avant, à partir du moment où vous avez rencontré cette collègue et où vous l’avez jugée à ce qu’elle faisait, pas au fait qu’elle était une femme. Vous n’avez pas besoin de vous poser la question de la cause du féminisme pour être féministe, vous avez seulement besoin de donner la même considération à tous les individus qui vous entourent. Point final. En principe, à moins d’être un peu hypocrites avec vous-même, quand vous en arrivez au stade où vous vous posez la question de comment vous pourriez aider la cause féministe, vous avez déjà, spontanément, suffisamment des attitudes qu’on peut attendre d’un homme qui a du respect pour les femmes autant que pour les hommes. Vous n’avez pas besoin qu’on vous en fasse la liste.

Evidemment, ça, c’est un féminisme plutôt passif, un féminisme d’habitude, un état d’esprit qui devrait être entré dans les mœurs, et que j’ai le plaisir d’observer chez la plupart des hommes que je connais (après, on m’objectera que c’est parce que je choisis bien mes amis, que la majorité des hommes ne sont pas aussi bien éduqués mais je répondrai qu’en tout cas, il en existe assez pour que j’en trouve et m’en fasse des amis). Si vous vous posez la question, c’est que vous avez conscience qu’il faut en faire davantage, qu’il y a encore des progrès à faire, des choses à obtenir, des acquis à consolider, et vous voulez faire plus que respecter les femmes au même titre que les hommes. C’est une intention très louable. Et vous savez déjà quoi faire. Militez pour ces progrès à faire, ces acquis à consolider, ces choses à obtenir, qui sont votre motivation pour militer. A moins d’être un peu hypocrites avec vous-même, vous ne vous êtes pas réveillés un matin en disant « tiens, si je devenais féministe, ce serait cool ». Il y a bien quelque chose que vous avez observé, des injustices qui vous ont décidé à prendre parti pour cette cause. Luttez contre ces injustices. Être féministe, c’est juste ça.

Ma collègue blogueuse vous demande de ne pas le faire. Ma collègue blogueuse vous demande de laisser la lutte contre les inégalités aux concernées et de consacrer vos efforts à développer l’attitude passive que je vous ai décrit plus haut et qu’en principe, vous avez déjà. Moi, je vous demande, pardon à elle, de ne pas accéder à sa demande. D’abord parce que plus il y aura de gens pour défendre une cause, plus elle sera entendue. Ensuite parce que plus cette cause sera défendue par des personnes non concernées, moins il sera contestable que c’est une cause objectivement bonne. Je suis une femme hétérosexuelle et caucasienne, est-ce que ça m’interdit de me scandaliser d’une maltraitance subie par un homme homosexuel et noir ? Est-ce que ça m’interdit de signer des pétitions ou de descendre dans la rue pour lui ? Non. Alors je ne vais pas vous interdire à vous de descendre dans la rue pour que je ne sois pas discriminée à l’embauche parce que je suis une femme, ou pour que je puisse me balader sans risque dans le métro après dix heures du soir. Ensuite parce que vous êtes concernés autant que les femmes. D’une part, l’injustice concerne tout le monde, et ce n’est pas parce qu’on est le privilégié que ça ne doit pas nous poser problème qu’il y ait une injustice, ne serait-ce que parce qu’à partir du moment où on tolère d’appartenir à une société injuste, on n’a plus la garantie de ne jamais faire partie des opprimés un jour. D’autre part, les inégalités entre hommes et femmes, vous en êtes autant victimes que nous. On vous fout la pression dès votre plus jeune âge, vous interdisant la sensibilité, vous interdisant les erreurs, vous imposant d’être les héros protecteurs de la société. Ce n’est pas plus viable pour vous que pour nous. Alors, vous avez peut-être un meilleur salaire, mais vous n’êtes pas heureux. Vous êtes concernés. Donc, oui, militez pour que la rue soit à tous, et pour l’égalité salariale. Ce sont des vraies injustices existantes. Ce sont des vraies causes qui ont besoin de défenseurs.

Voilà, c’est mon propos principal. Je ne vais pas reprendre point par point l’autre article pour expliquer quand je désapprouve et quand je ne désapprouve pas. Ce serait inintéressant, et je ne ferais probablement que répéter les mêmes choses, puisque mes contre-arguments ont tous les mêmes fondements, et que ces fondements, je les ai déjà exposés. Il y a tout de même deux détails sur lesquels j’aimerais revenir.

Ma collègue blogueuse vous écrit : « Quand on te sort les stats sur les agressions sexuelles, au lieu de minimiser, demande-toi si tu n'as pas été l'un d'entre eux. »

Soyons sérieux, si vous avez violé, agressé, harcelé sexuellement une fille et que vous ne le savez pas, c’est que vous avez un problème beaucoup plus grave que le sexisme. Au nom du ciel, laissez tomber le militantisme et allez consulter ! Normalement, si vous vous êtes rendu coupable d’agression, vous le savez, vous n’avez pas à vous le demander. Ne violez pas, n’agressez pas, et vous n’aurez pas à vous demander si vous avez violé et agressé, c’est tout aussi simple.

Bon, vous avez peut-être, à votre insu, eu un comportement qui a mal été interprété par votre entourage. Mais si votre entourage ne vous en informe pas, vous pourrez difficilement vous en rendre compte tout seul, c’est à la personne concernée de vous adresser ses plaintes pour que vous ayez la possibilité de dissiper le malentendu et vous excuser de votre maladresse. Ce n’est qu’à ce moment-là, d’ailleurs, que vous pourrez vous demander à quoi a été due cette maladresse, et si le sexe de votre interlocuteur y a joué un rôle. Quoiqu’il en soit, les malentendus, c’est un problème qui n’a rien à voir avec le sexisme ou le féminisme : blesser des gens sans le vouloir, et avoir à m’excuser, et même avoir le regret de constater que ni mes excuses ni ma bonne foi ne sont crues par ma victime, ça m’arrive tout le temps, toute femme que je sois.

Ma collègue blogueuse vous écrit : « Il convient de ne pas perdre de vue, jamais, quand on est un homme féministe, qu'on exerce aussi l'oppression qu'on le veuille ou non. » Je ne suis pas d’accord.

Je ne me sens pas oppressée par vous.

Tant que vous ne me draguez pas dans la rue en vous disant que, moche comme je suis, je suis suffisamment en manque pour céder à un inconnu, tant que vous ne me demandez pas si j’ai mes règles quand je m’offense de quelque chose, tant que vous appréciez ce que je fais pour ce que je fais et pas pour mon décolleté, je ne me sens pas oppressée par vous.

Vous pouvez être grand, musclé, le torse poilu, rouler des mécaniques, aimer les grosses bagnoles et le foot, tant que vous me traiterez en égale, je ne me sentirai pas oppressée par vous.

Si vous touchez un salaire plus élevé que moi, à partir du moment où vous chercherez à obtenir de qui de droit que je touche le même salaire que vous, où même à partir du moment où, l’apprenant, vous vous ferez spontanément la réflexion que c’est injuste, je ne me sentirai pas oppressée par vous.

Si, dans un projet commun, on tient à discuter avec vous parce que vous êtes l’homme, je me sentirai oppressée par l’interlocuteur, pas par vous, pas tant que vous n’aurez pas manifesté de quelque manière que ce soit que vous estimez normal de monopoliser la parole.

Tant que vous ne dites rien, tant que vous ne faites rien, je vous fais confiance.

Vous êtes nés dans les années 90, on vous a élevé dans une ambiance relativement mixte, et dans une société où les mamans travaillent, où les papas poussent la poussette. Je n’ai pas peur de vous.

J’attendrai que vous m’offensiez pour me sentir offensée. J’attendrai que vous vous conduisiez en machos pour vous accuser de machisme.

En fait, je n’ai qu’un seul conseil à vous donner : ne tombez pas dans ce piège dans lequel tombent trop de féministes, et, entre autres, les hommes zélés qui veulent compenser la culpabilité d’appartenir au sexe honni par un enthousiasme excessif. N’inventez pas de tort à ceux qui n’en ont pas. Ne voyez pas de crime là où il n’y en a pas.

Parce que ce genre d’attitude fait que, le jour où quelqu’un veut dénoncer un tort qui existe vraiment, un crime qui a réellement eu lieu, personne ne l’écoute, parce qu’on a retenu les dénonciations comme étant de la mythomanie et qu’on ne fait plus l’effort d’en écouter aucune, à force.

Parce que des gens de bonne volonté, qui étaient pour l’égalité et ne se posaient pas davantage de questions, se sont fait traiter de salauds pour avoir dit ou fait quelque chose qui a été surinterprété à tort comme étant sexiste, ou même pour avoir aimé quelque chose qui a été surinterprété  comme étant sexiste, et que ces gens-là vont désormais prendre fait et cause pour les autres victimes de ce genre d’accusations, sans forcément se demander dans quel cas l’accusation est fondée, et dans quel cas elle ne l’est pas. Et qu’à force, on se retrouve avec un retour en force des inégalités, de l’injustice réclamée et assumée, et des manifestations POUR la discrimination.

Bien sûr, ce message peut-être recyclé pour toutes les autres causes.

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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 16:41

Avoir un salaire, c’est important. Pas seulement parce qu’il faut bien manger trois fois par jour, dormir sous un toit, payer la taxe d’habitation, les charges, la mutuelle, l’assurance vie, l’assurance sécurité civile, l’assurance logement, l’assurance carte bleue, l’assurance accident, le plan épargne logement, le plan épargne retraite, et que rien que tout ça, ça fait déjà beaucoup plus que ce que peut toucher un chômeur, ou un RSAiste, alors nous ne parlons même pas des plaisirs futiles comme aller au cinéma, acheter un livre, ou porter des vêtements qui ne soient pas usés jusqu’à la corde.

Non, pas seulement.

Aussi parce qu’avoir un salaire, ça signifie que quelqu’un a estimé que votre travail est suffisamment valable, suffisamment utile, pour qu’on l’achète, et il vous paye pour l’avoir fait. En le faisant, il reconnaît votre valeur d’individu, votre utilité à la société dans laquelle vous êtes né.

La société en question, vous ne l’avez pas choisie. Être né dedans, vous ne l’avez pas choisi non plus. Pourtant, depuis que vous êtes né, on vous demande de payer pour y être. C’est un peu fort de café, sachant que vous n’avez rien demandé, qu’on vous a mis le produit dans les mains de force et qu’ensuite on vous a dit « voilà, ni repris, ni échangé, c’est 1500 euros par mois minimum, et y a des suppléments si vous voulez le bonheur en prime ». Mais bon, vous n’avez pas le choix, vous existez, donc il faut payer. Pour l’instant, vous ne visez que le remboursement de votre dette d’existence, sans les suppléments pour avoir droit à la culture, à l’habillement et aux loisirs. . Il faut donc vendre quelque chose pour trouver de l’argent. Et comme pour l’instant, vous êtes déficitaire, vous n’avez à vendre que votre travail.

Le problème, c’est que votre travail, c’est d’être artiste. Attention, pas forcément Van Gogh ou Balzac, ou Jouvet, ou Truffaut. Vous pouvez être petit artiste du dimanche, qui s’efforce de faire de son mieux avec ce qu’il a, qui bosse dur pour se perfectionner dans son art, s’y consacre avec passion, y croit comme une religion, produit des trucs qu’il aime, ou pas. Oh, bien sûr, vous essayez d’être raisonnable, vous essayez d’avoir un vrai métier à côté, mais le fait est que les vrais métiers, vous n’y êtes pas autant à votre place que dans votre art, et le travail que vous faites dans vos vrais métiers, personne ne veut l’acheter, personne ne le trouve assez valable pour l’acheter. Vous-même, vous ne l’achèteriez pas, vous n’êtes franchement pas doué pour ça, ce n’est pas vous, ça ne vous ressemble pas, ce n’est pas ce que vous savez faire.

Ce que vous savez faire, c’est être artiste. Alors ce serait normal que votre dette d’existence, vous la payiez en étant artiste. Ce serait normal que votre art, on vous l’achète.

Le problème, c’est que l’art, c’est comme l’amour. Ca ne s’achète pas. Ca ne se vend pas. Ca se donne. Ca se reçoit. L’art, c’est une expérience. Ca se vit. On n’achète pas le sentiment d’émerveillement qu’on éprouve devant un magnifique tableau. On n’achète pas les larmes qu’on verse sur un livre. On n’achète pas l’excitation qu’on éprouve à entendre l’acteur respirer sur la scène du théâtre. On n’achète pas le délicieux oubli qu’on éprouve devant un film. On achète le droit d’accéder à l’œuvre qui vous procure ces émotions, c’est tout. La rencontre, ou non, du spectateur avec l’œuvre, elle se fait indépendamment de cet achat.

En plus, cette émotion, tout le monde devrait y avoir droit. Même ceux qui n’ont pas encore réussi à payer leur dette de vie, et pas encore réussi à amasser assez pour accéder aux suppléments. On ne devrait pas interdire à quelqu’un qui n’a pas les moyens de la payer la sagesse que procure la rencontre avec une œuvre.

Vous-même, au plus profond de vous, vous aimeriez bien payer votre dette de vie, et vous n’avez que votre art à vendre, mais vous n’avez pas envie de vendre, vous avez envie de rencontrer. Vous avez envie qu’un public vibre devant votre œuvre, vibre spontanément, sans se sentir obligé de vibrer parce que sinon, l’argent qu’il a versé serait de l’argent gaspillé. Vous voulez être choisi en toute connaissance de cause, sans que ce choix soit faussé par un prix. Vous voudriez d’ailleurs que votre œuvre ne soit pas réduite à un prix qui a été fixé sans tenir compte de sa valeur réelle, puisque l’art n’a pas de prix. Vous ne demandez qu’à donner votre art. Mais il faut bien que vous viviez, alors il faut bien que quelqu’un vous paye pour être un artiste.

Si on pirate votre livre, votre chanson, votre film, c’est franchement embêtant, parce que du coup, vous ne gagnez rien, vous restez déficitaire, vous ne pouvez pas payer votre dette d’existence. C’est embêtant, parce que pour garder votre droit d’être en vie, il va bien falloir que vous renonciez à être artiste, que vous vous consacriez à devenir quelqu’un d’autre, quelqu’un qui sait faire un vrai métier, quelqu’un qui s’intéresse à un vrai métier. Pourtant, si on pirate votre œuvre, c’est qu’on veut la rencontrer. Et vous-même, qui êtes déficitaire de l’existence, vous n’avez pas d’autre moyen de rencontrer les œuvres des autres artistes, que de les pirater…

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24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 11:06

Alors, voilà, vous savez, moi, j'ai un petit frère. Bon, en fait, j'en ai deux, et ils vous plairaient sûrement parce qu'ils sont géniaux et sympa tous les deux, mais celui dont je vous parle aujourd'hui a un groupe de musique, Sale Pierrot, avec lequel il sévit depuis quelque temps en France et en Navarre (bon, peut-être surtout en Navarre, pour l'instant). Et ils sont géniaux. Enfin, moi, je les trouve géniaux, et ce indépendamment du fait que le guitariste/chanteur/compositeur soit mon frère.

Si vous aimez la chanson à texte, l'humour fin et moins fin, gentillet et moins gentillet, un peu engagé, vous ne pourrez pas manquer d'apprécier. Et comme je vous sens dubitatifs, voici un échantillon :

https://soundcloud.com/sale-pierrot/tes-belle

Encore un ?

https://soundcloud.com/sale-pierrot/tendrement

Toujours pas convaincu ?

https://soundcloud.com/sale-pierrot/la-pastorale

Bon, vous pouvez aussi regarder la vidéo en pièce jointe, si vous voulez en plus voir comment ces quatre-là se débrouillent sur scène.

Pourquoi je vous en parle ? Parce qu'ils ont décidé de passer aux choses sérieuses et de produire un album. Et que pour ça, ils ont besoin d'aide. Et que pour obtenir de l'aide, ils ont besoin de gens comme moi qui disent partout qu'ils en méritent amplement. Donc je le dis, parce que je le pense, et j'espère qu'après avoir écouté les deux trois morceaux ci-dessus, vous le pensez aussi.

Si vous êtes convaincus et que vous avez un peu de sous dont vous savez pas quoi faire, n'hésitez plus, c'est par ici que ça se passe

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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 05:23

J'ai supprimé le blog dans lequel je relatais mon expérience d'enseignante. Celle-ci commence  à beaucoup dater, et ne correspond plus à la réalité de ce que vivent les professeurs stagiaire aujourd'hui. L'un d'eux m'ayant posté quelques commentaires assassins, très offusqué de ce que j'avais écris, j'ai préféré le fermer: Offenser les professeurs des écoles stagiaire était bien la dernière chose que je voulais.

Cependant, je reposte cet article-là, dont le sujet va plus loin que l'enseignement, qu'on m'a demandé à relire.

 

Vos proches et votre dépression23/06/2011 11:07

          Il y a quelque chose à savoir sur la dépression, quelque chose de terrible, c'est qu'on en guérit, certes, mais qu'on en guérit lentement, et seul.

          Le rôle du psy _ parce que je veux croire que j'ai juste joué de malchance, et qu'il y a des gens pour qui aller voir un psy marche_ n'est pas de vous guérir mais de vous suggérer des pistes à essayer pour vous guérir tout seul.

          Autant dire, dans ce cas, que vos amis, votre famille, votre conjoint ne peuvent pas vous aider. C'est ça qui rend la chose terrible. Parce que vous avez vraiment besoin d'eux et ils voudraient vraiment vous aider. Mais ils ne peuvent pas.

          D'abord parce que la dépression ne se conçoit pas, elle s'expérimente. Même à supposer qu'ils en soient passés par là un jour, vous êtes le seul à réaliser ce à quoi vous êtes réellement confronté. Vous savez déjà que si vous êtes dans la situation où vous êtes aujourd'hui, ce n'est pas votre faute. Vous savez déjà que vous n'avez rien à vous reprocher. Même si ça vous rassure de penser que vous êtes responsable, que c'est vous qui avez le contrôle sur votre vie, vous le savez au fond de vous. Ca ne vous fait aucun bien qu'on vous le dise, ça ne fait que vous rappeler l'injustice de votre sort.

         Ca ne vous fait aucun bien non plus qu'on vous dise que ça va s'arranger, parce que vous avez déjà, vous-même, spontanément, réfléchi aux conditions à rassembler pour que ça s'arrange. Et si ça n'a pas suffit à vous réconforter, c'est que les conditions sont soit impossibles à rassembler, soit insupportables à envisager.

         Il est très, très, très important de ne pas en vouloir à vos proches de leur impuissance, ou de leur incompréhension. Ce que vous vivez est trop terrible, ils ne peuvent en avoir conscience à moins de se sentir aussi mal que vous et ça, vous ne le souhaitez pas. Ne serait-ce que parce que ceux qui se sentent aussi mal que vous ne vous font aucun bien.

         Si ça ne vous fait pas du bien qu'on vous prétende que vos problèmes n'existent pas ou qu'ils vont s'arranger facilement alors que c'est faux, ça ne vous en fait aucun non plus qu'on vous confirme que votre situation est aussi désespérée que vous le pensez. Même si vous n'enseignerez jamais, alors que vous aimiez ce métier d'amour, même si accepter votre sort vous semble impardonnable vis à vis de tous les autres individus que le système va briser après vous parce que vous avez été trop faible pour le faire plier, même si vous êtes déçu de tout même si le monde est moche et le restera, que vous vous en sortiez où non, même si vous êtes au chômage, même si vous n'avez aucune idée de réorientation et aucune force pour en trouver un, même si... Même si tout ça est réel, un jour, vous vous lêverez et vous vous direz "le monde est toujours aussi moche qu'hier, mais je crois qu'aujourd'hui, je peux accepter de vivre dans ce monde là." Envisager cela aujourd'hui ne vous réconforte en rien parce que vous savez que ce jour là, vous aurez perdu quelque chose, les derniers morceaux qui restent de la personne que vous êtiez et aimiez être, mais dont le système a jugé qu'il fallait la briser. C'est terrible, mais vous finirez par renoncer à cette personne et à aller de l'avant. Ce que vous serez à ce moment là vous paraît peut-être inadmissible maintenant, mais il vaut mieux le devenir, pour survivre, c'est comme ça. Bref, un jour, vous irez mieux, vous le payerez d'un prix difficile à payer, mais vous irez mieux, et vous vivrez une nouvelle vie.
            Il n'y aura pas d'enseignement, dans cette vie là, et vous resterez amputé de toutes les certitudes et de tous les repères que vous avez perdu dans l'expérience, mais ce sera tout de même une vie, ce ne sera plus la succession interminable de matins à se réveiller en larmes et à se demander pourquoi on s'obstine à rester en vie alors que la société elle-même a décidé que votre épanouissement était incompatible avec ses projets. Vous ne pouvez rien faire pour accélérer le processus. Ca viendra lentement. Tout ce que vous pouvez faire aujourd'hui, c'est veiller à ce que la dépression ne vous fasse pas perdre vos proches parce que ce que vous perdrez maintenant, vous ne le retrouverez jamais, même après la guérison.

          La première chose à faire, maintenant que vous avez démissionné, ce n'est pas uniquement chercher du boulot, ou aller voir un psy, c'est parler à vos proches de ce que vous traversez et allez traverser. Leur expliquer que vous n'attendez pas d'eux qu'ils vous sauvent, vous vous sauverez seul ou pas du tout. Leur expliquer que vous n'exigez pas qu'il promettent de rester quoi qu'il se passent, ils n'en sont peut-être pas capable, et ils ne le sauront pas avant d'avoir atteint leurs limites. Leur expliquer que ce dont vous avez besoin, c'est de garder la liberté de dire que vous allez mal, sans être obligé de réexpliquer mille fois pourquoi, et pourquoi les paroles de réconforts ne marchent pas. Juste pleurer à

loisir, vous appuyer sur leurs épaules. Surtout, surtout, ne leur demandez pas comprendre. Demandez-leur, seulement, de ne pas vous laisser seul, de vous écouter parler, même s'il ne peut pas y avoir de réponse.

 

           On oublie trop facilement que la dépression n'est pas un choix de vie, mais une maladie, qu'il ne sert à rien de dire "tu devrais arrêter de déprimer" parce que si la personne avait le choix de ne pas déprimer, elle le ferait. On oublie trop facilement aussi que si personne ne vient en aide aux dépressifs, c'est avant tout parce que personne ne sait comment les aider _ pour cause, il n'y a souvent rien de plus à faire qu'accepter que ça n'ira pas mieux avant un moment, et qu'il faut laisser cette longue période douloureuse se passer, et être là.

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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 16:36

Des fois, dans la vie, quand tout va bien, quelqu’un débarque et décide de t’enlever ton bonheur. Pas par méchanceté, juste parce qu’il estime que c’est la chose à faire. Et des fois, malgré toi, cette personne réussit sans que tu puisse rien faire pour l'empêcher.

Les premiers mois, tu es seulement en colère. Ca t’étouffe et ça te bouffe, de penser à combien ceux qui t’ont enlevé ton bonheur ont été injustes, combien ils se sont trompés, et de ne pas pouvoir leur dire, parce que, ben, tu le leur a déjà dit, tu le leur a exprimé de toutes les manières possibles, et qu’au mieux ils ont pas compris, au pire ils n’en ont rien à branler. Tu essayes de vivre avec ta colère, malgré ta colère. Tu essayes de ne plus y penser. Mais l’injustice t’obsède, tu souffre, et tu souffre de souffrir alors que tu voudrais tourner la page. Tu essayes de construire autre chose. Mais dans ce que tu construis d’autre, il y a le fantôme des souffrances que tu vis, la peur de voir l’histoire se répéter, et puis, quoi que tu construise, ce n’est jamais aussi beau que ce que tu avais déjà construit avant, ce travail dont quelqu’un a un jour décidé qu’il devait être détruit et que tu ne méritais pas qu’on te laisse l’avoir réussi.

Un jour, tu décides que c’est vraiment trop dur, d’être en colère, que tu vas pardonner. Pas que les gens que tu pardonnes en ait quoi que ce soit à foutre de ton pardon, vu combien ils en avaient à foutre de ta colère, mais pour toi, parce que tu as vraiment trop mal de cette injustice.

Tu décides que c’est juste. Tu décides que c’est ta faute. Tu décides de ne plus croire en toi. Tu décides que les événements qui te sont arrivés sont logiques, sont justes, sont ceux qui devaient arriver. Tu décides que tu dois changer. Tu essayes encore de tourner la page.

Tout le monde te reproche de ne pas croire assez en toi. Des fois, d’ailleurs, ce sont les mêmes personnes, celles qui t’ont enlevé ton bonheur. Mais tu t’obstines à décider d’être coupable. C’est plus rassurant, d’être coupable. C’est plus rassurant, de vivre dans un monde où c’est les coupables qui souffrent des années durant et pas les innocents.

Mais tu n’y crois pas. Tu repenses à tout ce que tu as fait, à la manière dont tu l’a fait, et tu aime toujours autant ce que tu as fait, et ce que ça a donné. Tu aimes ce que tu as été. Tu n’arrive pas à le renier. Tu n’arrives pas à décider que cette personne-là, que tu as été, et que tu aimes avoir été, avait tort. Ta colère reprend de plus belle, et cette fois, elle est dirigée aussi contre toi. Tu mesures la valeur de ce que tu as perdu, et de ce que tu n’as pas été capable de protéger contre des tiers.

Tu pleures pendant des nuits, et encore pendant des nuits. Tu essayes d’oublier. Tu décides qu’il aurait mieux valu ne pas vivre ce bonheur, ne jamais vivre aucun bonheur, et tu essayes de te résoudre à vivre sans bonheur, désormais, parce que décidemment, le bonheur, ça se paie trop cher. Tu pleures longtemps. Des mois. Des années. Tu crois être résignée. Tu crois avoir renoncé à tout. Et puis quelqu’un vient te rappeler. « Tu te souviens ? C’était tellement beau à vivre ! C’est un si beau souvenir. »
Et tu ne peux plus rien faire, que continuer à pleurer.

Tu penses aux gens que tu connais qui n’arrivent pas à se résigner, et à qui tu l’as reproché, et tu regrettes, parce que tu te rends bien compte de combien c’est impossible, de se résigner. Tu joues à te faire mal en allant regarder les ruines de ton ancien bonheur, et les autres univers très différents du tien qui se sont construits sur ces ruines. Tu pleures encore, et tu n'arrive pas à t'empêcher d'y retourner. Tu espère encore que quelqu'un va te dire "Ce que tu avais construit aussi, c'était bien". Tu espère encore que quelqu'un va te dire "Je me rappelle de ce que tu avais construit". Tu sais que ça n'arrivera pas. Tu sais qu'à part toi, tout le monde a oublié. Et que c'est normal, pourquoi quelqu'un d'autre que toi attacherait de l'importance à ce qui te rendais heureuse ? Tu réalises que ce qui te rendait heureuse ne rendait heureuse que toi, sinon quelqu'un d'autre s'en souviendrait. Tu réalises que ton bonheur était fondé sur des illusions, et que même si on ne te l'avait pas enlevé, il se serait effondré, parce qu'un bonheur tenu par une seule personne ne tient pas, et que tu étais seule dans ce bonheur, contrairement à ce que tu croyais.

Oui, c’était beau à vivre, même si ça s’est  mal fini, même si ça t’a appris que tu n’es en sécurité nulle part et que quelqu’un peut à tout moment décider de t’enlever ton bonheur et réussir. Oui, c’est un beau souvenir, un souvenir qui fait affreusement mal tellement il est beau, et auquel tu ne peux pas t’empêcher de penser parce qu’il n’y a rien dans ton présent qui soit assez beau pour valoir ça, et que la seule chose qu’il te reste, c’est de l’avoir vécu.

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 10:28

Il y a quelques temps, je vous écrivais un article impulsif suite à une énième critique de mon émission portant sur mon jeu d'actrice. Un geste peut-être un peu puéril, mais je l'assume. J'avais besoin de partager mon désarroi avec qui serait prêt à l'entendre, et puis, j'aime autant que ceux qui me suivent soient informés de pourquoi je risque de réagir moins intelligemment à certaines remarques qu'à d'autres. Mais il y a quelque chose que je n'ai pas dit, c'est que les personnes qui pensent que je joue mal, je regrette beaucoup qu'elles le pensent, mais si elles le pensent, je leur suis malgré tout reconnaissante de le dire.

al. et moi on ne se fait pas vraiment d'illusion, sur notre émission. On ne sera jamais des vedettes d'Internet. Pas à cause de la loi du "beaucoup d'appelés, peu d'élus" commune à tous les travaux de ce genre. Surtout parce que nous avons un humour particulier, nous nous intéressons à des choses qui n'intéressent pas tout le monde. Autant dire qu'avoir des retours négatifs, c'est normal. On n'en est pas moins hommes, (enfin, homme et femme... Bon, c'est une expression) et évidemment que ça nous atteint, mais ce n'est pas non plus comme si on ne savait pas, en commençant l'émission, qu'elle ne pouvait pas plaire à tout le monde.

Mais surtout, le plus important, c'est que les gens émettant ces retours négatifs ne sont pas malveillants. Enfin, à une exception près. Les fans de scooby doo qui réagissent au single de al. sur la série Quoi d'neuf Scooby Doo ont une attitude malveillante. Je les écarte de ma démonstration. Message à eux, au passage : je traite les commentaires comme je traitais les posts quand j'étais modératrice de forum. Tant que la critique ne porte que sur le travail de al., ce qu'il dit, sa review, je laisse, aussi agressif que ça puisse être ; mais si jamais il y a insulte envers sa personne, c'est suppression immédiate. Et si j'étais al. (mais je ne le suis pas, et je lui laisse gérer ça de son côté) je ne répondrais qu'aux commentaire qui ont mérité une réponse en gardant un ton courtois. Bon, fin de la parenthèse.
A cette exception près, tous les retours négatifs sont donnés avec bienveillance, par des gens qui n'essayent pas de nous descendre gratuitement, mais qui pensent sincèrement qu'il y a des insuffisances dans notre travail et nous en informent. Nous ne résoudrons pas forcément ce qu'ils nous demandent de résoudre, soit parce qu'il s'agit d'aspect matériels que nous ne sommes pas en mesure d'améliorer pour l'instant, soit parce que pour nous, il ne s'agit pas d'insuffisances, mais de partis pris. Néanmoins, c'est une bonne chose que ces critiques nous soit exprimées. Nous ne voulons pas non plus qu'on considère nos vidéos comme parfaites sous prétexte que nous avons l'air sympathiques. Nous préférons qu'elles soient aimées pour leur qualités, ou pas. D'ailleurs, nous sommes nous-même critiques, donc nous avons à accepter d'être critiqués.

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 18:22

Je ne devrais pas bloguer pour parler de ce qui me fait mal, je le sais. Je devrais faire des articles gais et intelligents, sur la littérature et les autres supports artistiques qui m’intéressent, le souci est que la gaité, ce n’est pas ce qu’il y a de plus présent dans ma vie, ces dernières années, et que l’intelligence, je n’ai que la mienne, qui est une intelligence moyenne, et qu’en plus, j’ai une façon de raisonner qui est en total décalage avec la plupart des gens. En fait, je ne devrais pas bloguer, parce que si je blogue, c’est à cause du besoin égoïste de mettre quelque part où qui veut pourra les lire toutes les pensées que j’ai besoin de partager mais que personne n’a envie d’entendre.

J’ai besoin de parler quelque part du fait que je suis mauvaise actrice. Pas pour dénoncer ou sensibiliser, comme quand j’ai fait mon blog sur l’enseignement. Seulement pour moi. Pour répondre à ces attaques qu’on me fait, comme quoi ma diction n’a rien à envier à celle d’une prof de sixième qui fait une dictée, comme quoi mon jeu est exaspérant. Pour m’excuser et me justifier.

Je fais du théâtre depuis que j’ai sept ans, et j’ai fait l’école Florent. Jusqu’à mes 21 ans, j’étais une bonne actrice. Puis j’ai eu des soucis dans ma vie personnelle, et j’ai commencé à avoir du mal à jouer correctement, durant mes cours à l’école Florent. C’est là qu’un prof m’a sorti que mon jeu était scolaire et que je n’avais pas ma place dans le théâtre. Ce qui a été terrible à entendre, parce qu’à l’époque, c’était la seule certitude que j’avais sur moi, le fait d’être bonne actrice. J’ai voulu lui prouver qu’il avait tort, je suis immédiatement remontée sur scène, j’ai essayé tous les rôles, toutes les humeurs, toutes les scènes, j’ai joué, répété, changé, et jamais, jamais, jamais ni ce prof, ni les autres ne sont revenus sur cette opinion de moi : « scolaire ».

Il faut dire que quand on monte sur scène en pensant non pas à son rôle mais à combien on a la vie qui dépend du fait qu’un prof dans le public acceptera de nous dire « là, c’est la bonne voie, tu n’as plus qu’à te lâcher, maintenant », c’est dur d’être investi dans son rôle.

Pendant des années, j’ai eu un blocage, grave, m’a rendue incapable de prononcer mes répliques d’une manière crédible. Pourtant, j’ai tout essayé. J’ai tenté de varier les rôles, j’ai même tenté d’en faire qui correspondait à l’état de détresse dans laquelle j’étais pendant que je jouais, rien n’y a fait. Le regard de mes profs et de mes collègues de l’école Florent est resté tout aussi méprisant, le son de ma voix, dans ma bouche, tout aussi désagréable. Pourtant, je travaillais. J’y passais tout mon temps libre. Vraiment. Imaginez un aviateur passionné par son métier. Plus que passionné. Imaginez que le fait de voler soit pour lui presque une religion, en tout cas sa seule façon de vivre. Imaginez maintenant que suite à un accident d’avion, il souffre du vertige. Le vertige, c’est pas une question de volonté. Il aura beau désirer de toute ses forces remonter dans un avion, il ne pourra pas. Il faudra bien qu’il renonce.

Et j’ai renoncé. Et j’en ai entendu, par la suite des « moi, je me serai obstiné ! » Non. Personne ne se serait obstiné. On s’obstine quand on a affaire à des obstacles contre lesquels on peut lutter. Quand il n’y a pas d’obstacle, quand il y a juste l’impossibilité de faire ce qu’il y a à faire, on ne s’obstine pas, on n’a même pas le choix de s’obstiner ou pas. De toute façon, à cause des soucis personnels que j’ai évoqué plus haut, il fallait que je vise une carrière susceptible de me faire gagner ma vie et mon autonomie.

J’ai mis trois ans, à renoncer. Je le précise au cas où on me dirait que je renonce bien facilement. Ceci dit, je doute que ceux qui me reprochent aujourd’hui d’être mauvaise actrice me reprochent aussi d’avoir renoncé à en faire ma profession, mais bon. J’ai mis trois ans à renoncer, j’ai attendu d’être sûre que le blocage ne se déferait pas, quoi que je fasse.

Des années plus tard, il y a eu le forum, et des projets de fans, et pour un projet de fan, j’ai du enregistrer la narration d’une histoire, en version audio. Personne d’autre n’était disponible pour le faire. Je me suis enfermée chez moi tout un après midi. J’ai lu le texte. Je l’ai relu. Je l’ai rerelu. J’ai commencé à le prononcer, le plus lentement possible, sans essayer de le jouer. Puis je l’ai redit, et redit encore, en n’essayant d’ajouter de ton que lorsque j’étais sûre qu’il vienne naturellement. Au milieu de l’après midi, alors que j’avais presque réussi, le téléphone a sonné, et j’ai tout reperdu. J’ai bloqué un deuxième après midi. J’ai recommencé. Et je suis arrivée à prononcer mon texte, sur un ton sobre, mais pas artificiel, et j’ai estimé qu’une victoire avait été remportée.

Encore des années plus tard, mon meilleur ami a eu l’idée de l’émission. Il ne s’agirait jamais que de faire un exposé sur un sujet, et sortir quelques blagues de temps à autre. Puisque je savais maintenant faire une narration à peu près correcte, j’ai estimé, et je m’excuse de l’avoir estimé, que c’était à ma portée.

Alors voilà, oui, je suis mauvaise actrice. J’ai été très bonne à une époque, même si c’est difficile à croire. J’ai déjà réussi à faire frémir une salle entière en jouant « Casimir et Caroline ». J’ai pu faire obtenir son bac à une camarade de lycée grâce à une scène jouée ensemble. Mais maintenant, je ne le suis plus et je ne le serai plus jamais. C’est un fait, je l’admets.

En attendant, me reprocher ça, c’est toucher la corde sensible. Je peux supporter qu’on fasse des remarques désobligeantes sur mon décolleté. Je peux supporter qu’on n’aime pas nos blagues, qu’on ne les comprenne pas. Je peux supporter qu’on ne soit pas du tout d’accord avec ce que nous racontons. Mais quand on nous dit « apprenez à jouer, bordel », j’ai mal. Réellement mal. On a tous nos points sensibles. Moi, c’est celui-là. Alors je sais qu’en me lançant dans une émission sur le web alors que je me sais mauvaise actrice, j’ai tendu le bâton pour me faire battre. Et je sais que je devrais renoncer à faire cette émission parce que je suis mauvaise actrice. Et c’est toujours ce que je me dis, quand on me parle de ma façon de jouer. Je devrais me contenter de rédiger des scripts, et trouver quelqu’un pour me remplacer devant la caméra, après tout, les scripts, personne n’a l’air de les trouver mauvais.

Mais sincèrement, quand je monte mes vidéos, je ne trouve pas mon jeu si insupportable. D’accord, j’ai une voix horrible, et quasiment inaudible, et des défauts d’élocution. Mais mon ton est juste, et quand je pense aux années que j’ai passées durant lesquelles je n’arrivais plus à prononcer mon texte sans qu’il ait l’air sorti d’une vidéo d’Xtra normal, je ne peux pas m’empêcher d’en être contente.

Je ne quitterai pas l’émission. Et mon jeu sera toujours le meilleur que je sois capable de fournir, parce qu’il n’y a pas un seul tournage ou je donne moins que le meilleur de ce que je suis capable de fournir. Lorsque l’émission a commencé, nous avions une mauvaise caméra, un mauvais son, mais le jeu, ça a toujours été le meilleur que je pouvais. S’il n’est pas suffisant, je le regrette, mais c’est mon maximum. Ce maximum, je continue à bosser pour essayer de l’améliorer.

Merci d’avoir eu la patience de me lire.

 

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 09:20

 

Imaginez que vous ayez une prestation orale à faire sur un sujet qui vous intéresse et vous paraît important. Vous vous préparez longtemps, faites de la recherche, de l'analyse, préparez avec soin le support Power Point, les fascicules à distribuer au public, et répétez votre discours plusieurs fois. Le jour J, pour ne rien laissrz au hasard, vous sortez de votre penderie un costume élégant d'une agréable couleur verte qui vous va à ravir , vous vous coiffez avec soin, bref, vous faites en sorte de présenter bien. Après votre prestation, quelqu'un se détache du public pour vous dire : « Moi, ce que j'ai principalement aimé dans votre prestation, c'est votre costume vert. »
Vous êtes flatté(e) ? Non, bien sûr. Évidemment, ce costume, vous avez mis du temps à le choisir, donc quelque part, ça vous fait plaisir de savoir qu'au moins ces efforts-là sont récompensés, mais tous les autres, le soin que vous avez mis à préparer votre discours, le soin que vous avez mis à faire vos supports, ils n'ont servi à rien. Or, vous avez quand même passé plus de temps sur vos supports et votre discours qu'à choisir votre costume, donc, au final, vous êtes en droit d'être frustré(e) d'entendre le fond de votre prestation relégué au rang d'aspect secondaire au profit de votre apparence.

Attention. Je ne veux pas adresser de reproche à l'aimable personne qui m'a dit qu'elle ne regardait mon émission que parce qu'elle me trouvait particulièrement belle. Je m'adresse plutôt à ceux qui sont déstabilisés du fait que je ne trouve pas ça flatteur. C'est vrai que dans le contexte, ça doit être déstabilisant. Ceux qui me connaissent savent que je suis assez complexée par mon apparence physique. Sans être objectivement moche, je ne serai jamais une belle femme. Dans mes meilleurs jours, je suis charmante, peut-être charismatique, mais je ne suis pas le genre de beauté qui impressionne le regard, qui incite à se retourner dans la rue, et qui fait plaisir rien qu'à regarder. Ça n'aurait pas d'importance, si je ne soupçonnais pas que certains emplois m'ont été fermés à cause de ça. Donc, effectivement, ça devrait être rassurant pour moi d'entendre que quelqu'un démente en disant que je suis tellement jolie qu'il ne regarde l'émission que pour me voir.
Le souci étant qu'il ne s'agit pas de photos que j'aurais mises de moi sur Internet pour montrer mes efforts vestimentaires. Il ne s'agit pas non plus d'une émission de tutoriel sur la meilleure façon de mettre ses attributs physiques en avantage. Il s'agit d'une émission de critiques. Mon apparence ne devrait y être qu'un aspect secondaire.
En outre, je ne la fais pas seule, cette émission. Et mon binôme a beaucoup de qualités sur le plan physique; et il est plus jeune que moi, ce qui se voit, les jours où je ne suis pas en forme. Seulement, personne ne va lui dire, à lui, qu'il est tellement beau que ce qu'il dit n'a aucune importance. On n'en aurait pas l'idée, on se douterait immédiatement qu'il ne s'agit pas d'un compliment. Il est un homme, lui. Son physique est censé être quelque chose auquel il attache moins d'importance que son discours.

Je ne veux pas faire la chienne de garde parano. Je ne veux pas non plus vous interdire d'aller complimenter votre collègue sur sa dernière tenue en vous prétendant que ça ne lui fera pas plaisir. Je veux juste faire comprendre pourquoi je ne considère pas que « tu es tellement belle que je n'écoute pas ce que tu dis » est un compliment, et pourquoi le fait que je sois une femme ne rend pas ce genre de phrase moins vexante que si j'étais un homme.
Quoi qu'il en soit, merci quand même pour m'avoir dit que j'étais jolie. Je ne suis pas d'accord, je suis souvent assez effarée, pendant que je fais le montage, de constater combien j'ai l'air vieille et usée, surtout quand je suis de profil, mais merci de démentir, c'est toujours ça de pris. Maintenant, j'aimerais savoir si je suis intelligente, aussi.

PS : (je veux bien aussi que quelqu'un me dise que je suis une bonne actrice. Je saurai, là aussi, que c'est faux, mais ça me ferait plaisir à entendre quand même)

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 17:59

Là, sincèrement, rien ne va.

Pas de boulot, pas de perspective, pas d'argent, des projets certes, mais pas grand chose de prometteur, des occupations, certe, mais pas grand chose de fructueux. En tout cas, aucune raison d'être spécialement joyeuse.
Sauf que les rues sont décorées. Mon appartement aussi. J'ai même un calendrier de l'avent, cette année, offert par mon ami Nico, (très beau calendrier, soit dit en passant, avec un spiderman dessus), bourré de chocolats au lait.
Et voilà, au lieu de penser à tout mes problèmes, je réfléchis à ce qui pourrait bien faire plaisir à mes amis, à ma famille. Bien sûr, cette année, le budget est encore plus serré que d'habitude, et je vais certainement pas offrir un guitare de platine à mon frère. Ca ne m'empêche pas d'être toute contente, comme une gamine de huit ans. De me sentir bien juste parce qu'il y a des guirlande sur ma cheminée, et que je vais aller me balader dans des boutiques à la recherche de petits riens sans importance à offrir.
J'aime Noël, c'est ma faiblesse, j'ai toujours aimé ça, c'est plus fort que moi, malgré toutes les raisons que je devrais avoir de pas aimer.
Oui, c'est mercantile, oui, c'est commercial. Oui, c'est souvent l'occasion de grand drames du à l'obligation de rassembler autour d'une table des gens qui ne se supportent pas. Oui, on y mange trop, trop riche, trop cher, on dépense trop, on bois trop. En plus, c'est une fête catho qu'on fête même quand on est pas catho. Mais j'aime ça. J'aime chanter des chansons à la lumière des bougie. J'aime réfléchir pendant des heures à ce qui va faire plaisir à la personne à qui j'offre quelque chose. J'aime recevoir des choses, et savoir que la personne qui me l'offre a réfléchi pendant des heures, elle aussi.
Accesseoirement, j'aime bien voir mes frères, écouter Benoit chanter des dernière chanson, accompagner mon père à l'orgue de Barbarie, mais ce n'est vraiment pas le propos, pour le coup. J'aime la fête de noël pour ce qu'elle est, même si elle n'est qu'un échange de cadeau, un tour de chant et un bon repas. J'aime les lumières, j'aime les chansons, j'aime les cadeau, et j'aime qu'il existe une fête dont le but soit de célébrer le bonheur d'être ensemble, en dépit de tout ce que ça peut avoir d'hypocrite dans certains cas. Je suis contente que Noël existe, peu importe pourquoi il existe, et je regrette que cette pensée ne soit pas partagée par la plupart de mes amis.
Je manque de maturité, et je suis superficielle, je l'assume. J'ai 33 ans, mais je continue à me réjouir comme une gamine du fait qu'il y ait des lumières dans mon appart. Je n'en ai pas honte. Je suis contente qu'il reste encore quelque chose en moi de la petite fille idéaliste que j'ai été.

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